La secrétaire générale du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts Zakia Driouch n’est pas du genre à noyer le poisson surtout qu’elle fait partie de la famille du petit pélagique. A la veille de l’ouverture du salon Halieutis, elle s’est livrée à une fructueuse pêche aux chiffres. Elle était fière de déclarer que le Maroc est le premier exportateur de sardines en conserve au monde, avec un total de 152.137 tonnes en 2022 et d’une valeur d’environ 5,9 milliards de DH. Compte tenu de la part que représente la sardine dans le total des poissons pêchés (64%), la pêche ce petit pélagique occupe une place très importante dans l’activité du secteur de la pêche maritime au Maroc. Mais certainement pas dans l’assiette des Marocains pour lesquels le poisson en général est devenu un produit de luxe en raison des prix très peu abordables affichés sur les étals des poissonniers. Le citoyen lambda a toujours du mal à comprendre pourquoi le vaste littoral du pays de plus de 3500 km ne lui permet pas de se nourrir de manière juste et raisonnable. La faute aux gros poissons toujours aussi gourmands ? Avec son air spartiate, Mme Driouch laisserait entendre qu’il s’agit là de sornettes ou de canulars qui font partie de la famille du poisson d’avril.
Sans se départir de sa fierté et de sa boite à chiffres, elle trouve judicieux de disserter sur l’importance économique de l’activité de pêche à la sardine qui ne se limite pas uniquement aux quantités pêchées, mais comprend également la filière de transformation dans ses principales déclinaisons comme la mise en conserve, la congélation ou le conditionnement du poisson frais.
« Cette activité joue un rôle important dans la croissance des exportations marocaines de produits de la mer, la diversité du tissu industriel permet au Maroc d’occuper une place de premier plan dans les échanges mondiaux des produits de la mer », fait encore remarquer celle qui règne depuis plus d’une décennie sur le secrétariat général du ministère de la Pêche maritime. Elle doit certainement avoir une sacrée pêche ou les qualités d’un gros poisson pour s’offrir une telle longévité. Il ne faut pas compter sur le ministre de tutelle, Mohamed Sadiki, pour éclairer votre lanterne sur ce sujet. Depuis qu’il a atterri au gouvernement en octobre 2021, il a appris à éviter de faire de vagues pour ne pas finir en queue de poisson. Un proverbe chinois dit que « le poisson voit l’appât et non l’hameçon ». Au Canard, on voit qu’il y a anguille sous roche. Si bien que certains en arrivent presque à oublier que le Maroc dispose d’un office national de la Pêche (ONP), tellement sa directrice générale depuis 2010, un autre record de longévité administrative (!), est aux abonnés absents. Discrète pour ne pas dire secrète, muette comme une carpe Amina Figuigui, c’est d’elle qu’elle s’agit, n’a visiblement pas grand-chose à se mettre sous la dent ni même pas une logorrhée de réponses chiffrées tièdes à nous faire avaler par ce temps exceptionnellement glacial. Un vrai submersible.