La secousse est trop forte même si elle n’ébranle pas toute l’Union européenne. Comme en France où le Rassemblement National (RN) est sorti grand vainqueur des élections européennes de dimanche 9 juin avec près de 32 % des voix.
La performance électorale du RNI a conduit le président de la république française Emmanuel Macron à annoncer immédiatement après la diffusion des résultats la dissolution de l’Assemblée nationale, provoquant un choc immense dans le pays. Et pour cause. Les résultats de ce scrutin constituent un désaveu électoral pour la camp présidentiel dont la liste conduite par Valérie Hayer, soutenue par Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, mais aussi le MoDem de François Bayrou et Horizons d’Édouard Philippe, termine très loin derrière le Rassemblement national, dont le triomphe avait été prédit par les sondages, qui n’a jamais été en si bonne position pour gouverner la France. Excepté la France ou la poussée du RN a les allures d’un grand plébiscite politique, l’extrême droite est ressortie en nette progression dans plusieurs États membres. Les deux groupes de la droite radicale devraient renforcer leur présence dans l’hémicycle à Strasbourg : ECR (Conservateurs et réformistes européens), qui comprend les Fratelli d’Italia, Vox en Espagne ou encore Reconquête en France, et ID (Identité et démocratie) où siègent le RN français et la Lega italienne notamment. « Les partis d’extrême droite ont mené des campagnes très nationales, mais tous ont capitalisé sur les thèmes de l’immigration et du pouvoir d’achat, analyse Sophia Russack, chercheuse au Centre for European Policy Studies à Bruxelles. Ils sont plus ou moins eurosceptiques, cependant plus aucun d’entre eux ne demande clairement que leur pays sorte de l’Union européenne ».
Avec une moisson de 28 % des voix, le parti Fratelli d’Italia de la Première ministre italienne Giorgia Meloni a réalisé une belle avancée. Les observateurs considèrent qu’elle s’est adjugée le rôle de faiseur de roi au Parlement européen. En Allemagne, l’AFD est arrivée en deuxième position à l’issue du scrutin de dimanche, devant le SPD du chancelier social-démocrate Olaf Scholz. Un symbole fort, même si le parti d’extrême droite fait nettement moins bien que ce qu’il était en mesure d’espérer en début d’année. Aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders est lui aussi arrivé en deuxième position, derrière l’alliance de la gauche et des écologistes. C’est une contre-performance par rapport aux législatives de l’automne dernier, où il était arrivé en tête. Avec près de 18% des voix, le PVV est toutefois assuré d’envoyer un nombre d’eurodéputés sans précédent au groupe ID du Parlement de Strasbourg (7 selon les estimations). En Autriche, le FPÖ arrive très nettement en tête, avec plus de 27 % des voix. Membre du groupe ID, il pourrait compter 6 eurodéputés. Ce résultat est d’autant plus significatif que les Autrichiens éliront un nouveau gouvernement à l’automne lors d’un scrutin législatif.