Ouvertement opposé à la chasse aux migrants clandestins, le gouverneur démocrate de Californie a haussé le ton et lancé un défi à Donald Trump. «La démocratie est attaquée», a dit Gavin Newsom dans une allocution diffusée mardi soir, où il a accusé le président de se livrer à de dangereux abus de pouvoir.
Laila Lamrani
Un couvre-feu est entré en vigueur mardi soir 10 juin dans le centre de Los Angeles, que Donald Trump a promis de « libérer » d’une invasion d’« ennemis étrangers », au cinquième jour d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants opposés aux expulsions musclées de sans-papiers majoritairement de nationalité mexicaine.
Ouvertement opposé à la chasse aux migrants clandestins, le gouverneur démocrate de Californie a haussé le ton et lancé un défi à Donald Trump. «La démocratie est attaquée», a dit Gavin Newsom dans une allocution diffusée mardi soir, où il a accusé le président de se livrer à de dangereux abus de pouvoir. «Sous nos yeux, le moment que nous redoutions est arrivé. Trump entreprend la démolition… de notre projet historique, les trois branches égales d’un gouvernement indépendant qui n’ont plus aucun contrepoids». Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d’origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les sans-papiers et des forces de l’ordre en tenue anti-émeutes. Ces affrontements sont néanmoins restés sporadiques et localisés.
« J’ai déclaré une urgence locale et instauré un couvre-feu dans le centre-ville de Los Angeles pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage », a déclaré à la presse la maire démocrate de la ville, Karen Bass, précisant qu’il sera en vigueur de 20h locales à 6 h du matin. « La nuit dernière, 23 commerces ont été pillés, et je pense que si vous traversez le centre-ville de Los Angeles, les graffitis sont omniprésents et ont causé des dommages importants aux commerces et à un certain nombre de propriétés », a-t-elle ajouté Alors que le président américain, qui agite la menace d’instaurer l’état d’urgence, a ordonné le déploiement de milliers de militaires supplémentaires, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom tente quant à lui de l’en empêcher, par voie judiciaire. Les deux hommes sont entrés dans un face-à-face à haut risque pour la stabilité de la région surtout que des centaines de Marines sont attendus en renfort dans la mégapole californienne. « Cette anarchie ne se poursuivra pas.
Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers », a lancé Donald Trump lors d’un discours prononcé depuis une base militaire. Il a menacé de recourir à l’Insurrection Act, régime d’état d’urgence qui confère au président le pouvoir d’utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l’ordre sur le territoire américain. Quelque 700 Marines, un corps d’élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d’avoir pris des mesures disproportionnées. « Ils sont censés nous protéger mais, à la place, ils sont envoyés pour nous attaquer », a déploré Kelly Diemer, une manifestante de 47 ans. Les États-Unis « ne sont plus une démocratie ». Jusqu’à quand ce déploiement de militaires — dont le coût est estimé à 134 millions de dollars par le Pentagone — durera-t-il ? « Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de danger », a répondu Donald Trump décidé à militariser son opération spectaculaire anti-migrants. Les protestations ont gagné d’autres métropoles américaines, avec parfois des accrochages. Dans un pays où tout le monde a le droit de posséder une arme à feu, la crainte est grande de le voir basculer dans la guerre civile.