Laila Lamrani
L’Espagne est l’un des rares pays de la planète à ne pas se contenter de rhétorique pour dénoncer le génocide sioniste contre la population gagazaouie. Madrid joint l’acte à la parole. Dernière décision en date est venue de la capitale catalane, Barcelone, qui a annoncé, en guise de protestation contre les crimes barbares commis par le colonisateur contre les civils palestiniens, la rupture de ses relations avec Israël et la suspension de son jumelage signé en 1998 et la fermeture définitive de son bureau économique à Tel Aviv. Magnifique Espagne, admirable pays qui ne
Dans le même veine, le ministère espagnol de la Défense a ordonné mardi 3 juin 2025 la suspension d’une licence de fabrication de missiles israéliens, qui correspond à un contrat de 285 millions d’euros portant sur la livraison de 168 systèmes antichars Spike LR2 destinés à l’armée de terre et au corps des marines espagnols. La décision, confirmée par des sources du ministère à l’agence de presse espagnole EFE, s’inscrit dans la volonté de Madrid de « réduire à zéro » sa dépendance technologique vis-à-vis d’Israël.
Le cabinet de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a également annulé le contrat initialement attribué en octobre 2023 à Pap Tecnos, filiale espagnole du groupe israélien Rafael systèmes de défense avancée. L’achat comprenait 168 unités de lancement, 1 680 missiles Spike LR2 et un soutien logistique complet. Le dispositif alternatif envisagé est le missile américain FGM-148F Javelin, conçu par Raytheon et Lockheed Martin. Cette mesure courageuse intervient six semaines après que le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a demandé au ministère de l’Intérieur de résilier un autre contrat relatif à l’achat de de 15 millions de balles fabriquées en Palestine occupée et martyrisée. Le dimanche 25 mai 2025, Madrid a accueilli une vingtaine de pays européens et arabes (un groupe connu sous le nom de G5+). Un seul point à l’ordre du jour : amener les pays participants a faire pression sur le colonisateur sioniste pour qu’il mettre à son entreprise génocidaire et de nettoyage ethnique à Gaza tout en levant le blocus sur l’entrée de l’aide humanitaire.
« Le seul intérêt de tous ceux qui sont réunis ici aujourd’hui est d’arrêter cette guerre injuste, cruelle et inhumaine d’Israël à Gaza, de briser le blocus de l’aide humanitaire et d’avancer définitivement vers une solution à deux États », a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avant la réunion de G5+ qui précède une conférence de haut niveau des Nations unies sur la solution des deux États, que la France et l’Arabie saoudite accueilleront au siège de l’ONU à New York à la mi-juin.
Ce dernier a qualifié Gaza de « plaie ouverte de l’humanité », qui fait des victimes chaque jour, et a averti que le silence était « complice de ce massacre ». Le ministre a également plaidé en faveur de la suspension de l’accord UE-Israël si Israël ne met pas fin à ses massacres d’enfants et de femmes de Gaza tout en affamant, du fait du blocage des convois humanitaires, une population sans défense soumise aux pires traitements. Comment la communauté internationale peut-elle accepter une telle barbarie sans mettre véritablement pression sur cette entité criminelle ? Pour moins que ça, la Russie de Poutine s’est vu imposer par l’Occident une batterie de sanctions pour avoir envahi l’Ukraine. Mais aucune déclaration commune n’a sanctionné le conclave de Madrid, ce qui en dit long sur les divergences qui surgissent dès qu’il s’agit de dépasser le stade des déclarations pour imposer des sanctions aux barbares de Tel Aviv . Dans une Union européenne embarrassée et un monde arabe résigné, l’Espagne se pose véritablement en conscience du monde face aux crimes abominables de l’entité sioniste. N’est pas l’Espagne qui veut!