Ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Aawatif Hayar livre dans cet entretien les ressorts d’une action ministérielle confortable et surtout durable.
Depuis que le souverain a chargé le gouvernement de lancer des consultations en vue de la réforme de la Moudawana, on ne vous a pas entendu sur ce dossier qui vous concerne directement…
Le sujet est un sujet transversal qui concerne beaucoup de départements et pas seulement le mien. Et puis, le dossier des femmes tout comme les femmes d’ailleurs est trop complexe pour monter au créneau comme une grande ministre.
Seriez-vous une petite ministre ?
Non, je suis une ministre qui connaît ses limites et les limites de son action. Cela ne sert à rien de jouer les responsables politiques courageux sur une réforme où en vérité je n’ai pas vraiment d’avis…Et puis, la cause de la femme est une affaire d’hommes. Ce sont eux qui détiennent les manettes du pouvoir.
Ah bon ?
Je n’ai pas envie de m’attirer les foudres des conservateurs constipés qui n’attendent que j’ouvre le bec pour m’étriller.
C’est plus sage pour moi de me cacher derrière les autres acteurs de la réforme que sont la justice, le Conseil des oulémas. Se cacher en faisant semblant de travailler est tout un art que je commence à maîtriser et que j’ai appliqué aussi au terrible séisme du Haut-Atlas sur lequel j’ai évité soigneusement de m’exprimer alors que ce drame a fait des milliers d’orphelins et autant de familles précarisées.
Parlons de l’héritage, un sujet qui fâche et divise. Êtes-vous pour l’égalité des deux sexes dans ce domaine ?
C’est une question trop politique à laquelle je refuse courageusement de répondre sous peine d’hériter de sérieux ennuis. Vous savez, on parle de plus en plus de l’imminence d’un remaniement ministériel et franchement je n’ai pas envie de sauter comme un mauvais verrou rouillé .
Vous tenez donc à ce point à votre strapontin ?
Mais vous êtes folle ou quoi ? Évidemment que j’y tiens comme à ma robe de mariée. Qui vaudrait perdre cet héritage ministériel inespéré, une planque aussi bien confortable et super bien payée ? Je laisse l’action et l’initiative aux poids lourds du gouvernement qui travaillent pour le bien du pays et indirectement le confort de leurs autres collègues planqués.
Donc la Moudawana ce n’est pas votre problème ?
Sincèrement, je préfère ne pas me mêler de ce qui me regarde en tant que ministre. Je connais la musique et je tiens comme à la prunelle de mes yeux de ne pas faire de fausse note. Il y va de mon avenir en tant que femme politique repeinte aux couleurs de l’Istiqlal et qui est prête à mener les combats nécessaires pour défendre ses droits.
Quels droits ?
A une ministrabilité responsable, peinarde et durable.