Abdellatif Kabbaj, président de la FNT : C’est la peine-sion complète

Abdellatif Kabbaj, président de la FNT.

Une équipe du Canard a interrogé le président de la Fédération nationale du tourisme (FNT) Abdellatif Kabbaj sur la situation désastreuse du tourisme national.

Vous n’avez pas meilleure mine M. Kabbaj, que se passe-t-il ?

Vous voulez que je danse la samba,  c’est normal que je sois triste et abattu.  Quand le tourisme va très mal, je ne suis pas dans mon assiette. Le coronavirus a tué  l’industrie des voyages en la vidant de son sang et de sa sève… Imaginez !  Pas un touriste étranger à Marrakech depuis le mois de mars ! C’est une tragédie incroyable, une peine-sion complète…

Mais vous avez les touristes nationaux pour remplir les hôtels ?

Les touristes nationaux, bof! On va faire malgré nous du remplissage en attendant de renouer avec les taux d’occupation.

Cela se voit que vous tenez en grande estime le touriste local…

Comme dit l’adage, nul n’est touriste en son pays. Le vrai touriste c’est celui qui ramène de la devise, madame.  Les touristes centimes sont juste une solution de dépannage et ne peuvent jamais compenser les touristes euros ou dollars.  

Les devises, ma chère, les devises (son regard devient subitement étincelant). C’est ce qui fait marcher le business touristique en faisant couler de la joie et de l’optimisme dans les veines des hôteliers. J’ai soif de la thune des tours operators. Marrakech, Agadir, Tanger, Fès… Tout  le pays en a besoin.

Mais en attendant ?  

En attendant le retour du tourisme étoilé et de l’arrosoir requinquant  des TO avec leurs groupes à jet continu et leurs incentives, on est obligé, effectivement, de nous rabattre sur le pauvre touriste du cru et accepter ses dirhams…

Le touriste local se plaint de payer beaucoup plus cher le prix de la chambre que le touriste étranger…Pourquoi ?

C’est normal. Le local est un voyageur occasionnel qui à l’inverse du touriste international ne nous fait pas vivre et quand il se présente à la réception pour une nuit ou week-end, on lui fait naturellement subir la loi du coffre et de la demande.

Qu’est-ce que vous préconisez pour retrouver rapidement les euros du touriste européen ?

La réouverture des frontières nationales, le retour libre des avions, des bateaux et des voitures.  Mais malheureusement, les autorités en ont décidé autrement.  

Et la ministre du Tourisme, de l’aérien et bien d’autres choses ?

Notre tourisme est au bord de la crise cardiaque. L’horizon est d’autant plus sombre qu’on n’a ni  touristes, ni plan de relance ni ministre.

Traduire / Translate