Entretien avec Mohamed Saad Berrada : On ne sait plus sur quel pied danser…


Une équipe du Canard a rencontré le ministre RNI de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports dans un club d’aérobic à Rabat où il s’initie à l’art des valses-hésitations.


Propos recueillis par Laila Lamrani

Une note officielle émanant de votre ministère recommande aux académies régionales l’intégration de l’apprentissage du hip-hop et breakdance dans les programmes d’éducation physique. A quoi rime cette initiative qui ne fait pas l’unanimité ?

Je sais que l’école marocaine surtout publique est malade, discréditée et elle a besoin d’être redressée autrement que par la danse urbaine. Mais comme on ne sait plus sur quel pied danser pour la reformer pour de bon, on voudrait essayer le langage corporel comme thérapie de choc…

Thérapie de choc ! Mais encore ?

L’objectif de l’introduction du hip-hop et du breaking à l’école est de libérer les énergies des élèves en leur permettant de donner plus de rythme à leur vie difficile.

Mais le hip-hop et le break dance ne sont pas marocains ?

Mais ces danses urbaines sont universelles et sont devenues une discipline olympique. C’est important de pouvoir s’ouvrir sur le monde par l’art.

L’initiation à l’école aux danses traditionnelles marocaines comme le folklore, la Hadra ou le Ahidous aurait été plus conforme à notre culture et serait par conséquent mieux accueillie ?

Je ne suis pas habilité à répondre à cette question qui est du ressort de mon collègue de la Culture.

Et les apprentissages fondamentaux ?

Ils suivent leur chemin cahin-caha. Avec les défaillances chroniques que l’on connaît comme les problèmes de lecture et de compréhension rencontrés par les élèves. Mais dans la vie, on ne peut pas tout réussir.

Mais l’école doit produire la réussite. C’est son unique mission…

Chez nous, l’école produit surtout de l’échec et du décrochage scolaire que nous comptons combattre en faisant trémousser les élèves. Avec l’espoir de faire émerger des champions internationaux.

L’éducation nationale a-t-elle au moins les compétences artistiques pour initier ce genre de programmes selon les règles de l’art ?

Sur le papier, nous avons ce qu’il faut puisque nous travaillons sur ce projet avec la fédération royale marocaine des sports aérobic, fitness, hip-hop et disciplines assimilées. Il ne faut pas s’attendre à des miracles. Restons modestes.

Vous ne visez pas des médailles lors des prochains JO ?

Je ne vise rien du tout. Je ne vise qu’à accomplir mon mandat surprenant avec le moins de dégâts possible.

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