Je déclare forfait

Mohamed Boudrika, promoteur immobilier en fuite

Une équipe du Canard est entrée en contact téléphonique avec Mohamed Boudrika qui lui a confirmé sa décision de renoncer à ses mandats et responsabilités politiques après sa destitution de son poste de président de Mers Sultan à Casablanca.

Comment se passe votre fausse convalescence à l’étranger ? Heureux, pas heureux, inquiet, stressé ?

Pas mal. Je suis content pour mon pays qui a gagné un nouveau et illustre MRE qui vit toutefois dans la peur permanente  d’être extradé. Dur dur de devoir ‘exiler s pour des broutilles.

Des broutilles ?

Dans mon cas, les chèques sans provisions et autres petites falsifications pour  lesquelles je suis recherché sont des broutilles. Et puis, j’étais censé bénéficier d’une impunité en béton compte tenu de la richesse de mon parcours footballistique et de mon engagement politique intéressé…

Le Maroc a changé…

Mais personne ne m’a prévenu que  le Maroc a changé pour que je change à mon tour. Pour moi le changement, c’était l’arrivée du RNI au pouvoir et ce que cela allait  changer dans mon business.
C’est pour cela que j’ai fui  le pays en invoquant de pseudo raisons médicales et je n’y reviendrai qu’une fois il aura retrouvé sa spécificité, qui fait son charme,  celle de repaire  pour les gars comme moi  qui sont au-dessous de tout soupçon.

Qui aurait imaginé que des députés, présidents de commune  et même des magistrats seraient  expédiés en prison  pour leurs micmacs de valeur?  C’est la fin de la politique à la sauce marocaine…

C’est dommage pour  le Maroc qui perd  en attractivité politique avec le risque d’accentuer davantage la fuite des cerveaux qui frappe déjà plusieurs secteurs…  

Parce que vous vous considérez comme un cerveau ?

Absolument. Un cerveau dans ce que je sais faire et qui valent aujourd’hui de graves ennuis de santé.

C’est pour cela que  vous avez décidé de renoncer à toutes vos responsabilités et mandats électifs…

Absolument. Mes médecins imaginaires m’ont prescrit cette cure  radicale pour que je démarre une nouvelle vie zen, sans stress et loin des tracas de mes victimes. Comme je suis un homme de cœur, j’ai accepté sans hésitation. En tout cas, mes postes de député et de président de commune et même  de président du Raja se sont avérés  inutiles puisqu’ils ne protègent plus contre le séjour à l’ombre. Je déclare forfait après avoir été mis hors-jeu.

Vous avez peur à ce point de la prison ?

Pas du tout, je suis très courageux et c’est pour cela que j’ai fui le Maroc  en montant toute une mise en scène sur mes ennuis de santé et une intervention du cœur  que j’aurai subi.
Rassurez-vous, je n’ai jamais été aussi bien en forme que depuis que  je me sais loin de Oukacha où croupit mon cher frère et bien d’autres amis et adversaires politiques et footballistiques qui n’ont pas eu la chance de fuir le Maroc pour se faire soigner à l’étranger.