Une équipe du Canard a fait réagir le ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa sur le phénomène de l’abandon scolaire et la crise de l’école nationale.
L’abandon scolaire continue de battre des records malgré les différentes mesures prises pour en réduire l’ampleur. Qu’est ce qui ne va pas ?
A force de croître au fil des années scolaires, le décrochage scolaire est devenu une véritable discipline dont il faut peut-être commencer à enseigner les techniques. Avec peut-être un guide intitulé : comment apprendre à décocher à l’école en 6 mois.
On peut même envisager des cycles de conférences dans ce domaine…
Absolument. J’applaudis des deux mains. C’est une activité susceptible de doper encore plus le marché porteur pour ses promoteurs de la parlotte précieuse. Ce qui va permettre aussi au lobby des bien-pensants, des faux experts et autres spécialistes en tout et rien de discourir sur ce phénomène en tâchant d’en expliquer les raisons sur un ton docte.
A croire que les maux qui continuent de miner l’école publique relèvent de la fatalité…
L’essentiel c’est qu’en tant que ministre, je ne décroche pas en faisant tout pour m’accrocher à l’espoir même infime d’une transformation de notre système éducatif.
Notre école va toujours mal. Pourquoi? Absence de volonté politique ? Problème de vision ?
Je ne suis pas d’accord, notre école publique fonctionne bien puisqu’elle continue à faire le plein au point que les classes sont surpeuplées.
Comme en tourisme, le taux de remplissage est un indicateur de performance.
Le gros des élèves proviennent des milieux défavorisés qui n’ont pas les moyens de scolariser leurs enfants dans le privé…
C’est votre point de vue. Mais pour ma part, je suis convaincu que notre pays a tous les atouts pour devenir une puissance éducative. Il faut juste rêver et ne pas sombrer dans le défaitisme.
Évidemment, tout est permis dans le rêve.
Raison de plus de rêver en couleurs surtout que c’est gratuit.
En plus de l’Éducation nationale, vous êtes également ministre, du Préscolaire et des Sports…
Les sports au Maroc, excepté le foot qui récolte de bons résultats, sont en très mauvais état. Impossible de m’aventurer dans les fédérations et leurs micmacs gagnants.
Par contre, je suis un ministre des sports agissant qui se déplace pour se dégourdir les jambes afin d’assister aux manifestations footballistiques de haute importance. A part ça, je suis mis sur la touche.
Certainement parce que vous manquez de touche…
C’est possible. Mais quand on m’encense, ce qui est fréquent dans le milieu des laudateurs professionnels, ça me touche. w