Une équipe du Canard a été reçue par le ministre de la Santé, le très flegmatique Khalid Ait Taleb, dans son bureau où il s’est confiné, le visage masqué et les mains fébriles, au milieu d’un amoncellement de médicaments jetés pêle-mêle…
On dirait que vous avez de la fièvre, vos mains tremblent… Vous êtes sûr que ça va ?
C’est juste un peu de panique positive qui me permet de m’auto-motiver face aux nouvelles terrifiantes répandues comme une trainée de poudre par ce fléau mondial qu’est le Covid-19…
Vous êtes censé avoir chopé le virus de l’optimisme et de la sérénité puisque vous avez autorisé de faire traiter les malades marocains du coronavirus à la chloroquine alors que ce remède divise la communauté scientifique mondiale sur fond d’une grosse polémique. Qu’est ce qui justifie cette décision ?
Le peur, la peur que le Maroc soit submergé par la vague que j’ai le devoir de repousser par tous les moyens. Et tant pis pour les esprits polémistes. Devant la montée spectaculaire de la courbe des contaminations au Maroc qui frôle les 200 cas, il fallait plonger…Et c’est ce que j’ai fait sans trop réfléchir.
Présentée par le Pr français Didier Raoult comme le remède contre le covid-19 qui sévit dans le monde, la pilule de la chloroquine n’a pas été certes avalée par l’ensemble de ses pairs. Certains savants mettent en garde contre se effets secondaires pouvant être dommageables pour la santé des malades. Mais pour notre part, nous avons estimé qu’il fallait foncer et la prescrire au moins pour soigner les formes graves du coronavirus.
C’est pour cela que vous avez raflé il y a plusieurs jours tous les stocks de ce médicament fabriqué au Maroc par un laboratoire étranger ?
Tout à fait. Pour un pays qui n’est pas réputé pour son esprit d’anticipation, il a cette fois-ci su réagir à temps pour déjouer toute tentative de sortie frauduleuse du médicament du territoire national comme ce fut le cas pour les masques chirurgicaux dont une bonne partie des stocks a pu être réexportée de manière malhonnête par des profiteurs de la guerre du coronavirus.
La chloroquine vous permet aussi de pallier la fragilité du système de santé national qui risque de souffrir de la saturation rapidement. N’est-ce pas ?
Ce que vous dites n’est pas faux. Il vaut mieux administrer du Plaquenil 200 mg , la version marocaine du chloroquine avec les comprimés Azix que de s’étrangler devant la pénurie des respirateurs artificiels dont nous ne possédons pas des milliers d’exemplaires. On ne peut pas entuber tout le monde. Le scénario à l’italienne me fiche la trouille. Au revoir…Planquons-nous tous derrière Plaquenil et prions…