Une équipe du Canard a été reçue par la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui juste après sa présentation des grandes lignes du PLF 2024 devant les députés.
Dites-nous sans langue de bois, comment se présente le projet de loi de Finances 2024?
Sous de bons auspices. Et ce malgré une conjoncture nationale et internationale qui n’a jamais été aussi mauvaise avec plein de contraintes qui mettent à mal l’économie nationale et notre capacité de résilience.
Pour ma part, j’ai fait preuve d’optimisme dans la présentation des grandes lignes de ce PLF 2024 devant les parlementaires des deux Chambres…
Quels sont les véritables motifs d’inquiétude ?
En interne, il y a la sécheresse et la pénurie d’eau avec leurs conséquences en cascade sur l’agriculture, les exportations agricoles, le coût de la vie qui ne cesse de flamber et l’intensification de la pression inflationniste. Le pauvre citoyen va encore trinquer…
Et à l’international ?
A l’international, notre ennemi a pour nom les tensions géopolitiques qui ne font que se conjuguer et s’aggraver . On n’en a pas encore fini avec la guerre de Poutine en Ukraine que Netanyahou déclenche un conflit dangereux qui a brûlé les accords d’Abraham et risque d’embraser tout le Proche-Orient.
Avec des fous pareils, il est très difficile de planifier et de stabiliser quoi que ce soit.
Mais ces contraintes ne vous ont pas empêché de présenter des indicateurs au vert ?
Le PLF 2024 que le gouvernement a concocté table en effet sur une croissance de 3,7%, une inflation limitée à 2,5% et un déficit budgétaire contenu à 4%…
Ces indicateurs sont-ils raisonnables ?
Ce sont juste des prévisions destinées à ne pas affoler les esprits et à maintenir la confiance de tous.
Reconstruction des régions touchées par le séisme du Haut-Atlas, mise en place début 2024 des aides directes au titre du RSU, subvention du programme du logement social, parachèvement de l’édifice de l’État social et chantiers colossaux en relation avec la coupe du monde 2023… Ou allez-vous trouvez les fonds nécessaires pour financer autant de chantiers colossaux ?
Il y a l’endettement, l’impôt sur les sociétés, la TVA et la poche du citoyen. Pas d’autre choix que de forcer sur ces mécanismes pour alimenter le budget de l’État.
A cet égard, je vous annonce que nous avons prévu de revoir à la hausse le taux de la TVA sur un certain nombre de produits stratégiques comme l’eau courante et l’électricité. Le citoyen marocain est trop gentil pour se révolter contre ces nouvelles augmentations lumineuses et qui coulent de source
La règle est immuable : ce que l’on donne d’une main, on le récupère de l’autre…