Une équipe du Canard a été reçue par le ministre de l’Équipement et de l’Eau Nizar Baraka juste après sa nouvelle annonce glaçante…
En cette fin d’année, vous avez encore inquiété plus les Marocains en leur annonçant lors d’une conférence de presse que la situation hydrique du pays est catastrophique et qu’ils doivent se préparer aux coupures d’eau courante…
Comme les Marocains ont soif de bonnes nouvelles, je me suis sincèrement creusé les méninges pour trouver une bonne information à leur annoncer en guise de cadeau de fin d’année. Mais en vain. A cause de la sécheresse , cette histoire d’eau est devenue véritablement la mer à boire…
Mais la solution est justement toute trouvée, dessaler pour continuer à mieux gaspiller…
Avec la surconsommation qui caractérise le mode de vie des Marocains et surtout le modèle agricole national, je crains que l’on assèche nos mers et nos océans. On adore se noyer sous les problèmes et même dans un verre d’eau plutôt que de prendre le robinet par le bon bout. Le mot rationalisation ne fait partie du lexique national.
La période de vaches maigres n’est pas suffisante. On doit encore se préparer à une période de robinets secs ? Mais votre boulot est de trouver des solutions…
Franchement, il m’arrive d’essayer d’agir mais je suis souvent victime du phénomène de l’évaporation des idées, une conséquence insidieuse et encore méconnue du gaz à effet de serre. Une idée fulgurante vient de jaillir à l’instant : Créer un système d’épargne de l’eau avec un taux alléchant . Je vais proposer ça aux deux chambres d’amis parlementaires.
Je vous conseille d’économiser votre génie flottant en attendant que vous mettiez en place une véritable politique d’économie d’eau.
Comme vous voulez, je vais dans ce cas continuer à me la couler douce, au risque de priver le pays d’une belle source d’inspiration.
Ce qui nous arrive est aussi la faute aussi au changement climatique et au ciel devenu de moins en moins en moins généreux, n’est-ce pas ?
Le changement climatique a bon dos. Il nous permet d’avaler et faire avaler toutes les couleuvres sans rien tenter véritablement pour promouvoir le changement politique.
Nizar Baraka qui parle de changement politique ! On dirait que le changement climatique vous a changé…
L’urgence climatique m’a appris que rien n’est urgent tant que le monde est encore debout et que l’argent facile ou difficile coule à flots.
Donc tout va bien…
Non, ça va mal pour les autres, les consommateurs lambda démunis qui doivent acheter la tomate à 15 DH le kilo et le poulet à 21 DH.
Il faut sensibiliser pour que les gens apprennent à vivre de frustration et de coupures d’eau ?
La faim et la soif justifient tous les sacrifices
Ne pensez-vous pas qu’ est temps de changer de modèle agricole très gourmand en eau dont une grosse partie est exportée sous forme de tomates et d’avocats?
C’est un sujet politique très glissant qui ne relève pas de mes prérogatives. A force de pratiquer le pouvoir, j’ai appris à ne pas me mêler de ce qui me regarde et à ne regarder que le verre entièrement plein.