Moncef Belkhayat : Je suis le Tapie marocain

Une équipe a été reçue par Moncef Belkhayat qui a voulu, sur sa demande, s’exprimer sur les dessous de sa fièvre acheteuse de petites boîtes nationales en difficulté.


Propos recueillis par Laila Lamrani

Vous poursuivez votre politique d’acquisition des entreprises en difficulté. La dernière en date Avon et Mr Bricolage… Ces opérations de rachat en cascade commencent à intriguer plus d’un au point de faire parler dans les salons…

Je suis content qu’on parle du petit Khoukoum Moncef qui devient grand. Quelle revanche sur le destin ! Mes détracteurs diront pour me moquer que je fais dans le bricolage entrepreneurial. Mais qu’ils disent ce qu’ils veulent, je reste confiant dans ma capacité à faire de bonnes affaires en ma qualité d’excellent affairiste.

Vous avez aussi pris des participations et les acquisitions d’entreprises en difficulté à l’international comme les Français Chocolatier Carré Suisse et Cultures de France…

Depuis que j’ai été viré de la politique, je suis devenu trop boulimique au point que j’ai envie de bouffer tout ce qui bouge, notamment à l’étranger. Une maladie incurable, paraît-il.

La boulimie n’explique pas tout. Vous avez certainement des arrière-pensées…

En fait, je vise la bourse. D’où l’organisation de notre enseigne familiale H&S en quatre pôles d’activités : industrie, pharmaceutique, médias et communication et immobilier. Dislog sera bientôt cotée en bourse tandis que 2027 verra l’entrée de notre pôle logistique Building Logistics. Pour lever des fonds, récolter et engranger du cash, il faut rendre la mariée plus belle.

C’est ce que vous êtes en train de faire en rachetant des boîtes au Maroc et à l’étranger ?

Absolument. Je suis le Tapie marocain. C’est mon modèle dans le business de Klab Chekleb. Plus je diversifie mon portefeuille avec des enseignes en difficulté que je valorise plus j’augmente mes chances de toucher le jackpot avec un prix d’introduction plus élevé. Un dicton bien de chez dit : « pour vendre il faut soigner la décoration ou les apparences».

Ce sont des artifices et des tours de passe-passe… 

Mais ce n’est pas donné à n’importe qui d’être astucieux et roublard. C’est une culture qui ne s’enseigne pas dans les grandes écoles de commerce. Soit on l’a, soit on ne l’a pas. Les futurs porteurs, surtout les gros institutionnels, seront heureux de mettre leurs billes dans un groupe national intégré dans l’art de vendre du vent.

Comment arrivez-vous à financer toutes ces acquisitions qui coûtent quand même bonbon?

En inscrivant le respect de l’environnement dans notre blabla d’entreprise que résume les trois lettres : ESG ( Environnement social, gouvernance). Cela nous permet d’accéder à des financements européens facilitant par notre implantation sur le territoire français et donc de l’UE.

Une fois vos affaires en bourse, quelle est la prochaine étape ?

La cession de mes parts. Je suis un Moulay Hafid en puissance. Un petit rapace sympathique en devenir. Je rêve de fourguer mes actions à un partenaire zigoto étranger et palper au moins un milliard d’euros. Vendre du vent c’est tout un art.

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