Nizar Baraka, secrétaire général de l’Istiqlal : Je pense à la primature chaque matin en me rasant

Laila Lamrani

Vous avez profité de la commémoration du manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944 pour faire, lors d’un meeting à Casablanca, de l’opposition au gouvernement dont l’Istiqlal est pourtant une composante essentielle…L’opposition vous manquerait-elle ?

Le temps est venu pour l’Istiqlal de se démarquer de ce gouvernement impopulaire qui, si nous le soutenions, risque de nuire à nos intérêts électoraux.

Les élections législatives approchent et nous devons dès maintenant penser à notre avenir politique en découplant notre image de celle de l’exécutif dirigé par le RNI. Nous sommes décidés à agir pour doubler nos partenaires du moment et concurrents de demain…

Les partenaires du moment ?

Oui, le RNI et le PAM. Il est hors de question de les laisser nous chiper la formation du prochain gouvernement. 

Et le pacte de la majorité que le chef du RNI également chef du gouvernement vous a fait signer avec votre collègue du PAM pour ne dire que du bien de l’action gouvernementale ?

Au diable le pacte de la majorité gouvernementale ! C’est un papier obsolète qui a fait son temps.

Désormais, c’est chacun pour soi et les pauvres citoyens-électeurs pour tous. Il appartient à chaque boutique politique de rouler pour sa pomme et de rivaliser d’astuces pour berner pardon convaincre les votants.

Mais l’Istiqlal est censé défendre le bilan gouvernemental qui vous engage aussi, en tant que composante de l’exécutif ?

Soyons clairs, ce bilan que je ne suis pas le seul à trouver catastrophique n’engage que le RNI et son président. Dégradation de la situation de la classe moyenne, la vie chère qui devient insupportable, l’aggravation des inégalités sociales et la flambée du chômage. L’Istiqlal n’est pas comptable de l’envolée des prix des viandes rouges et blanches, ni des fruits et légumes, encore moins de ceux du mouton de l’aïd.

Dans ce cas, il fallait quitter le gouvernement pour marquer votre désaccord avec cette politique de paupérisation des masses ?

Le pouvoir est trop délicieux pour l’abandonner. je ne vous cache pas que je pense à la primature chaque matin en me coiffant.

Prendre fait et cause pour l’action gouvernementale dans sa totalité c’est la raclée électorale garantie. Pensez-vous que les électeurs pommés qui ont l’habitude de voter nous accueilleront avec des fleurs alors que le tajine est devenu hors de portée ?

En tant que parti traditionaliste, vous avez l’occasion idoine de claquer la porte du gouvernement après l’approbation par le Parlement de la nouvelle réforme de la Moudawana critiquée par les milieux conservateurs…

C’est un pari politiquement cohérent mais trop risqué pour nous. Le thème du code civil n’est pas un gros générateur de voix.

Avez-vous un bilan propre à l’Istiqlal à défendre auprès de la population ?

Les ministres istiqlaliens dont je fais partie peuvent se prévaloir d’un bilan honorable. Malgré la sécheresse qui sévit depuis plusieurs années, les Marocains continuent à avoir accès à l’eau grâce à mon action préventive de ministre chargé de l’eau. Je peux aussi faire campagne comme ministre en charge aussi de l’Équipement sur la construction de nouvelles routes notamment dans le monde rural et faire valoir le rôle de ce département dans le déblocage des routes suite au séisme d’Al Haouz. 

Donc, ça roule et ça coule de source pour l’Istiqlal?

Oui, ça devrait marcher pour nous, surtout que notre parti n’a pas obtenu les ministères casse-cou et à forte charge impopulaire.

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