Les Nations unies ont déclaré ne pas avoir connaissance d’un programme d’armes biologiques en Ukraine, alors que l’affirmation de la Russie selon laquelle un tel programme existe a été rejetée par Washington et ses alliés lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. La Russie a convoqué cette réunion vendredi 11 mars pour discuter de ses allégations non prouvées selon lesquelles l’Ukraine exploite des laboratoires d’armes biologiques avec le soutien des États-Unis. Mme Izumi Nakamitsu, Haut représentant des Nations unies pour les affaires de désarmement, a déclaré aux 15 membres du Conseil que les Nations unies n’avaient « pas connaissance de programmes d’armes biologiques» en Ukraine. Mme Nakamitsu a déclaré que l’Ukraine et la Russie étaient toutes les deux parties à la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques (CIAB), un traité international qui interdit ce type d’arme. « Les armes biologiques sont interdites depuis l’entrée en vigueur de la BWC en 1975 », a-t-elle ajouté. La discussion s’est déroulée dans le contexte de l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, qui a débuté le 24 février et a vu les troupes russes lancer des attaques contre des villes ukrainiennes et progresser vers la capitale, Kiev.
Le conflit a forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir l’Ukraine jusqu’à présent. L’ambassadeur russe auprès de l’ONU, Vassili Alexievitch Nebenzia, a déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi que Moscou avait découvert un réseau de 30 laboratoires d’armes biologiques en Ukraine. Mais cette affirmation a été rejetée par l’homologue américain de M. Nebenzia, Linda Thomas-Greenfield, qui a accusé la Russie de « tenter d’utiliser le Conseil de sécurité pour légitimer la désinformation et tromper les gens afin de justifier la guerre de choix du président [Vladimir] Poutine contre le peuple ukrainien ». « Je ne le dirai qu’une fois : L’Ukraine n’a pas de programme d’armes biologiques. Il n’y a pas de laboratoires d’armes biologiques ukrainiens soutenus par les États-Unis, ni près de la frontière russe, ni ailleurs», a déclaré Thomas-Greenfield au Conseil.
En vertu d’un accord conclu en 2005, le Pentagone a aidé plusieurs laboratoires de santé publique ukrainiens à améliorer la sécurité des agents pathogènes dangereux et des technologies utilisées pour la recherche. Ces efforts ont été soutenus par d’autres pays et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS a déclaré jeudi 10 mars à Reuters qu’elle avait conseillé à l’Ukraine de détruire les agents pathogènes à haut risque hébergés dans ses laboratoires de santé publique afin d’éviter « toute fuite potentielle » qui propagerait des maladies au sein de la population. En début de semaine dernière, la Maison-Blanche a rejeté allégations « grotesques » de la Russie selon lesquelles les États-Unis exploitent des laboratoires de guerre biologique en Ukraine, accusant le Kremlin de préparer un prétexte pour utiliser des armes chimiques ou biologiques dans son offensive. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a également rejeté les allégations de la Russie dans une allocution vidéo le même jeudi, affirmant que « personne ne développe d’armes chimiques ou d’autres armes de destruction massive » en Ukraine. Barbara Woodward, l’ambassadrice britannique auprès des Nations unies, a également rejeté avec force les allégations russes, déclarant au Conseil de sécurité que Moscou avait formulé « une série de théories du complot, totalement infondées et irresponsables ». « Il n’y a pas l’ombre d’une preuve crédible que l’Ukraine a un programme d’armes biologiques… C’est un mensonge de plus dans la campagne de désinformation de la Russie. »
