Kabbale médiatique : Il en faut plus pour déstabiliser Mostafa Terrab

Comptant parmi l’une des plus belle réussites de l’ère Mohammed VI, le groupe OCP, sous la houlette de Mostafa Terrab, a construit son positionnement mondial sur des bases solides. Voici comment.

Abdellah Chankou

«Qui veut déstabiliser Mostafa Terrab, emblématique PDG d’OCP» ? s’interroge le magazine Jeune Afrique dans un long article publié le 27 mai 2025 sur sa version web, consacré à ce qui ressemble à une kabbale médiatique aux motivations mystérieuses orchestrée il y a quelques semaines par le site le 360. Mais il en faut plus pour déstabiliser un patron dont le bilan plus qu’honorable sert de bouclier contre toutes les attaques. Non pas que M. Terrab se considère au-dessus de la critique mais celle-ci doit être juste et bien argumentée, sans dégager les relents d’un quelconque règlement de comptes politico-médiatique. Autrement, elle perd toute crédibilité et peut se retourner contre son auteur.

Disons-le tout de go, Mostafa Terrab, sauf à ne pas aimer la réussite éclatante, a fait beaucoup de bien à OCP group et au Maroc depuis qu’il en a pris les rênes en février 2006. Pour ce poste hautement stratégique, Il faut reconnaitre que SM le Roi Mohammed VI a placé, de l’avis de tous, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Une confiance royale dont M. Terrab s’est montré digne au vu de ce qu’est devenu aujourd’hui OCP : un groupe d’envergure internationale prospère dont il a révolutionné les modes de production, le style de management et les pratiques de communication.

« Sous la houlette de M.Terrab, le groupe, qui baignait dans une culture du secret, a quitté sa zone de confort historique pour communiquer sur son action et ses projets et faire des paris gagnants sur l’avenir et s’ouvrir sur son environnement national et international », fait remarquer un haut cadre à la retraite. « La citadelle, recroquevillée par le passé sur ses vieux réflexes, qui suscitait plus d’intrigues que d’admiration, a cédé la place à une entreprise publique moderne en phase avec son époque, citoyenne par ses engagements en interne et rayonnante à l’international», renchérit un ex-ministre.

Fini aussi la citadelle hermétique et peu communicative qui se contentait naguère d’exporter le minerai tiré du sous-sol sans y apporter de valeur ajoutée. De la roche phosphatée aux engrais enrichis en micronutriments, le portefeuille produit OCP se développe continuellement, offrant grâce à sa flexibilité industrielle plusieurs nouvelles formules adaptées aux besoins des fermiers au Maroc, en Afrique et dans le monde. Aujourd’hui, le groupe, qui agit véritable transformateur de l’agriculture dans le respect des bonnes pratiques, est un acteur incontournable sur le marché du Phosphate, de l’Acide phosphorique, des Engrais, des Engrais enrichis, des Compléments alimentaires pour animaux et des Engrais solubles. Transformé en SA, l’établissement devient une machine agile qui cherche la croissance là où elle se trouve, analyse les tendances lourdes du marché au-delà des frémissements conjoncturels, anticipe sur les besoins futurs du secteur phosphatier et ses dérivés. 

Vision audacieuse, investissements stratégiques, agressivité commerciale, ce triptyque qui fonde la méthode OCP a permis de rompre avec cet office qui dormait sur ses lauriers en vivant sur ses acquis. OCP c’est aujourd’hui plus de 30 filiales & Joint-Ventures, près de 21000 collaborateurs, plus de 160 clients à travers les 5 continents, près de 200 milliards DH de programmes d’investissements sur la période allant de 2008 à 2027. Ce qui fait de l’office l’une des principales locomotives de l’économie nationale mais également un groupe de dimension internationale résolument engagé en faveur du développement de la coopération Sud-Sud. Formidable outil diplomatique qui a mis l’Afrique au cœur de son plan de croissance, l’OCP contribue à renforcer l’ensemble de l’écosystème agricole du continent en approvisionnant nombre de pays africains en quantités suffisantes et adaptées d’engrais. Avec le souci constant d’aider les agriculteurs à améliorer leurs rendements tout en préservant les sols. Cette stratégie, articulée autour d’un modèle économique intégré, alliant diversification, partenariats gagnants, innovation technologique et durabilité, a produit des résultats exceptionnels : un chiffre d’affaires en 2024 de près de 97 milliards de DH contre 2 milliards de DH en 2005. Qui dit mieux ? Mostafa Terrab, dont les sorties sont rares, est d’un naturel discret qui n’aime pas parler de ses résultats. Véritable capitaine d’industrie doublé d’un fin stratège, il préfère laisser ces derniers parler pour lui et ils le font bien. 

Le leadership mondial d’OCP dans le secteur des engrais phosphatés et son rayonnement au-delà des frontières nationales ne sont donc pas le fruit du hasard. OCP est une signature forte que l’on respecte, un géant industriel qui jouit de la confiance des institutions financières nationales et internationales, un partenaire de confiance et d’expertise avec qui l’on voudrait collaborer, monter des projets… Sans ressources humaines de qualité et motivées, il est difficile d’aller loin. Le président Terrab l’a bien compris, qui a su bien s’entourer en faisant appel aux compétences qu’il a responsabilisés dans le cadre d’une approche managériale à l’anglo saxonne (voir encadré) où seule compte l’atteinte des objectifs, indépendamment du mode de travail des équipes, qu’elles soient en mode présentiel ou distanciel.

Souvenez-vous ! la réussite OCP a valu au groupe une reconnaissance royale exprimée par le Roi Mohammed VI dans le discours du 61ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple du 20 août 2014. « Nous tenons à exprimer notre satisfaction quant à la contribution que nombre d’entreprises du secteur privé et d’établissements publics, ont apportée au développement de l’économie nationale, aussi bien en interne qu’à l’extérieur. L’Office Chérifien des Phosphates constitue à cet égard un véritable modèle au regard de la stratégie nationale et internationale efficace dont il dispose et compte tenu de la vision claire, de la bonne gouvernance et de l’efficacité qui le caractérisent. Tous ces facteurs consacrent l’intégration du Maroc dans le marché mondial des phosphates, ressource qui est devenue un enjeu universel tant elle est étroitement liée à la sécurité alimentaire (…) », a affirmé le souverain. L’hommage royal est inhabituel pour que les observateurs n’y décèlent pas un message aux entreprises nationales pour qu’elles s’inspirent du modèle OCP afin de conquérir des parts de marché à l’international et porter haut le drapeau de l’économie nationale. La performance OCP ne s’est pas limitée aux activités d’extraction minières et de valorisation des phosphates mais aussi dans les domaines de l’éducation et de l’inclusion sociale avec la création de l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), une fabrique des élites nationales et africaines et la Fondation OCP qui accompagne des milliers les porteurs de projets à fort impact, notamment au Maroc et en Afrique subsaharienne.


Titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’École nationale des ponts et chaussées, d’un master en ingénierie et d’un doctorat d’Etat en Recherche opérationnelle du Massachusetts Institute of Technology (MIT), M. Terrab a fait des premières armes à l’international. Dès 1983, il travaille comme analyste en systèmes de transport chez Bechtel Civil et Minerals à San Francisco. Ultérieurement, il devient professeur assistant et chercheur au MIT et consultant au laboratoire Draper de Cambridge, avant d’occuper en 1998 le poste de directeur général de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). La presse internationale, qui le place souvent parmi les hommes les plus influents du continent, a mis en exergue la force de son équipe de choc où se côtoient chercheurs, économistes chevronnés, anciens diplomates et lobbyistes. Une nouvelle façon de faire inédite dans la gouvernance des entreprises publiques et même privées au Maroc.

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