Les manifestations et autres sit-in anti-pass vaccinal, qui ont lieu dimanche 31 octobre dans plusieurs villes du Maroc, sont-elles spontanées ? En tout cas, elles donnent du fil à retordre aux autorités qui soupçonnent que ces mouvements de protestations, qui ont donné lieu à des arrestations de certains contestataires réclamant l’annulation de cette mesure, sont le fruit d’une manipulation partie des réseaux sociaux. Notamment Facebook où ont été créés plusieurs comptes anti-pass vaccinal et vaccination obligatoires qui attirent plusieurs centaines de membres.
Dans ces groupes qui agrègent des mécontents au-delà de la vaccination, il y a de tout. Les opposants aux injections anti-covid et les partisans du complotisme côtoient les victimes des effets secondaires des vaccins et les dénonciateurs de la vie chère et de la «Hogra» (mépris). Un cocktail chaud où s’entre-alimentent slogans et vidéos diverses. Ce mouvement de fronde risque de prendre plus d’ampleur surtout que d’autres sit-in ont été annoncés pour le 7 novembre.
Certains contenus, à caractère séditieux, se sont incrustés dans cette vague de fronde virtuelle dont les auteurs qui se cachent visiblement derrière de faux comptes tirent à boulets rouges sur les forces de l’ordre et critiquent le régime. Et c’est l’activisme de ces anti-système anonymes, même s’ils sont minoritaires, qui inquiète les responsables sécuritaires en particulier. Surveillant de près ces pages susceptibles d’être alimentées depuis l’étranger, ces derniers craignent que le pass vaccinal, rendu obligatoire par simple communiqué gouvernemental là où il fallait lui donner force de loi, ne soit instrumentalisé par les ennemis du Maroc pour tenter de fomenter des troubles sociaux dans le pays. Les pouvoirs publics marocains sont conscients de la puissance d’Internet et des réseaux sociaux comme outils de manipulation des masses depuis la fameuse campagne de boycott ayant ciblé en 2018, avec les dégâts que l’on sait, trois grandes entreprises nationales, principalement Afriquia. Dans un pays où le discours politique n’est pas assez crédible pour être relayé sur Internet, les réseaux sociaux restent le seul espace d’expression et même d’encadrement de l’opinion pouvant enfanter l’image du « jeune rebelle numérique», avec le risque de se transformer en machine dangereuse…