Ce mois de janvier 2024 a été inscrit pour le Maroc atlantique et méditerranéen sous le signe des démolitions. Cafés, restaurants, maisons, petites auberges, écoles de surf et autres kiosques…Tout passe et fracasse sous les godets impitoyables des pelleteuses dont le bruit couvre les protestations des occupants.
Il s’agit d’une série d’opérations bulldozer encadrées sur le terrain par les représentants des autorités locales, des élus et la force publique. Ils ont reçu pour ordre de libérer le domaine maritime occupé illégalement par diverses constructions implantées notamment sur le littoral de nombre de sites relevant de deux grandes régions : Souss-Massa et Casablanca-Settat. Deux régions qui ont changé de Wali, Saaid Amzazi pour la première et Mohamed Mhidia pour la seconde. Si le démantèlement des habitations anarchiques autour du Mausolée Sidi Abderrahmane à Aïn Diab n’a pas suscité d’émoi particulier dans l’opinion où elle a même été saluée, tel n’a pas été le cas pour le restant des localités visées : la plage d’Imsouane située à 70 km au nord d’Agadir, le petit village de pêcheurs de Tifnit, juché sur une pointe rocheuse à 45 km au Sud d’Agadir en allant vers Tiznit et Dahomey Plage à proximité de Bouznika, accessible à seulement 40 minutes de Rabat et de Casablanca.
Les maisons en front de mer de Imsouane et de Dahomey, ainsi que les échoppes et les clubs de surf du rivage, ont été transformés en tas de gravats. Le ciblage de ces endroits à vocation touristique a eu un retentissement médiatique énorme aussi bien dans la presse locale que les médias étrangers. Paradis pour surfeurs de renommée internationale, prisé notamment par les touristes hexagonaux, Imsouane a eu droit à des articles dans la presse française. Après des consignes orales des autorités locales, il y a une semaine, une mise en demeure de quarante-huit heures a été lancée aux occupants pour vider les lieux. Ces derniers sont à la fois scandalisés et choqués. Qui par la disparition brutale de sa demeure, qui de son gagne-pain.
Certains ont dénoncé le caractère brusque et hâtif de la démarche des responsables, essentiellement dans la province de Chtouka-Aït Baha dans le Souss (Sidi Ifni, Sidi Taoual, Sidi Ouassay, Sidi R’bat, Douira). Il fallait sans doute donner plus de temps aux concernés et offrir une alternative viable à ceux qui ont perdu brutalement leur gagne-pain. C’est dans le même cadre de libération du domaine maritime que s’est inscrite l’opération de démolition intervenue vendredi 13 janvier du fameux mausolée Sidi Abderrahmane et des constructions anarchiques alentour utilisées pour des activités de sorcellerie et de charlatanisme. Une grosse tache noire sur le littoral casablancais a été ainsi supprimée, à la grande satisfaction des habitants.