Les gages d’amour…

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva.

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva est folle amoureuse du Maroc et elle le montre au grand jour. Quitte à faire quelques grincements de dents et bien des jaloux. Portrait d’une femme atypique à la joie contagieuse.

Le Maroc possède plusieurs ambassadeurs officiels et de l’ombre  mais  Kristalina Georgieva est une ambassadrice exceptionnelle de l’image du Royaume. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) lui voue une admiration sans bornes et non feinte qu’elle assume de surcroît en l’affichant en public. Ce qui constitue un  fait rare pour un haut fonctionnaire international de son rang censé mettre en sourdine ses sentiments en se gardant de crier son amour ou ses préférences  sur les toits. Kristalina Georgieva, elle, n’en a cure, quitte à faire quelques grincements de dents et bien des jaloux . C’est une femme authentique  qui adore l’authenticité. Dotée certainement d’une âme d’artiste. C’est pour cela sans doute  qu’elle trouve son compte dans ce Maroc millénaire et magique, fort et solide comme un menhir, dont elle est tombée amoureuse. Lui parlant profondément  jusqu’à l’ensorcellement, le Royaume avec son art de vivre sans égal et l’hospitalité sincère de ses gens,  est en ligne avec  son tempérament de personnage allergique  à tout ce qui est superficiel, affecté et simulé.

Chaleureuse et conviviale, simple et accessible, joviale et exubérante, Kristalina Georgieva  n’est pas ennuyeuse pour un sou.  Constamment souriante. Sans filtre aussi. Et c’est ce qui fait son charme incomparable et lui confère  un surcroît de distinction.

Les codes protocolaires, elle les casse volontiers  et s’en défait comme d’un e-tau-x étouffant, n’hésitant pas à s’offrir des moments de détente  relayés  à grande échelle sur les réseaux sociaux  avant le début d’un grand événement ou à la fin des travaux.

Elle est naturellement  de la partie des deux matches de Gala organisés,  au Grand stade de Marrakech,  à la veille de l’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI  (FMI) tenues du 9 au 15 octobre dans la ville ocre. C’est le maillot des Lions de l’Atlas dont elle est fan qu’elle enfile  évidemment avec comme coéquipier l’inoxydable patron de Bank Al Maghrib Abdellatif Jouahri qui semble avoir retrouvé une seconde jeunesse en compagnie de cette Bulgare atypique. Cette séquence footballistique, largement médiatisée ,  aurait quelque chose d’inachevé si Georgieva ne s’immergeait pas dans la culture locale en se laissant  abandonner à une danse endiablée typiquement marrakchie sur la mythique place Jemaa El Fna.  Pour une dame de  70 ans adepte du lâcher-prise, elle déborde d’une énergie phénoménale. Chapeau bas Kristalina !

Celle qui a  vu le jour et grandi dans la Bulgarie communiste est une fervente et sincère défenseuse du Maroc. Elle a pesé de tout son poids pour que  le Royaume abrite la grand-messe des institutions de Bretton Woods et de les maintenir à Marrakech en dépit du séisme meurtrier qui frappa la région d’El Haouz le 9 septembre dernier.

Diplômée de l’institut Karl Marx de Sofia,  elle est la première ressortissante d’Europe centrale à prendre les commandes du FMI. C’était en août 2019 en remplacement de la Française Christine Lagarde.

Kristalina Georgieva , qui assure  de janvier 2017 au 1er octobre 2019 la direction de la Banque mondiale où elle se forge un savoir-faire reconnu dans les questions environnementales, a beaucoup de mérite. Derrière la bonhomie et la spontanéité  qui la caractérisent se cache une battante à l’efficacité redoutable.  Qui aurait en effet imaginé

que la petite fille née à Sofia en 1953 d’un père technicien des ponts et chaussées pourrait monter ainsi au pinacle ?

Professeur d’économie à l’Université de Sofia, elle a 36 ans quand le régime communiste s’effondre. Auteur d’une thèse sur « La politique de protection de l’environnement et la croissance économique aux États-Unis », elle décroche  une bourse pour faire un an d’études post-doctorales au  Massachusetts Institute of Technology (MIT), avant d’intégrer la Banque mondiale en 1993, à l’âge de 40 ans. En 2004, elle est nommée responsable des opérations en Russie et trois plus tard elle est promue  directrice du développement durable.

Kristalina Georgieva, qui n’est pas du genre à faire du surplace professionnel, aime s’enrichir son expérience en explorant  de nouveaux horizons. En tant que commissaire européenne entre 2010 et 2016 chargée de l’aide humanitaire,  elle arpente l’Afrique dont elle connaît parfaitement aussi bien les  problèmes de fond que les défis de développement.

Le mandat de Kristalina Georgieva au FMI expire en 2024. Mais celle qui a de l’énergie et de la joie contagieuse à revendre  doit aspirer à une retraite largement méritée. À l’ombre des palmiers ?

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