Début décembre, les capitales touristique, administrative et économique du Maroc, à savoir Marrakech, Rabat et Casablanca, accueilleront l’une après l’autre la première pièce de théâtre de l’autrice Kriss Goll, intitulée « A tout prix ». Une pièce très encensée dans l’Hexagone.
Les avis sont loin d’être –très- mitigés, concernant « A tout prix », la pièce de Kriss Goll, mise en scène par Eric Delcourt, auteur également, acteur et metteur en scène chevronné, à qui on doit, à titre d’exemple, la comédie « La Sœur du grec ». Ce dernier nous raconte : « J’ai beaucoup aimé la démarche de Kriss qui m’a démarché jusqu’à mon théâtre avec son manuscrit sous le bras. J’ai aimé son énergie, son dynamisme, son optimisme et sa velléité à vouloir devenir auteur. Et j’ai bien sûr aimé sa pièce qui était folle drôle. J’y ai vu immédiatement le potentiel d’une belle comédie tout en «cartoon» ». Et en ligne, les spectateurs sont du même avis. Des cinq étoiles à foison, quelques quatre étoiles dans le lot et, ici et là, de très rares personnes qui ne l’ont pas trouvée à leur goût, car on ne peut pas plaire à tout le monde, et c’est naturel (beaucoup de gens détestent même Star Wars de Lucas, ou… Citizen Kane de Welles). Mais un constat est clair : la plupart ont adoré. Et de bons avis et recommandations, c’est en veux-tu, en voilà: « Des rires du début à la fin ! Une pièce jeune et moderne ! Honnêtement je ne me suis pas ennuyée une seule seconde!», «Imaginez… vous êtes assis, il fait noir et là, le rideau s’ouvre… Dans les cinq premières minutes, l’auteure nous embarque dans une intrigue déjantée jouée par des comédiens justes et attachants. Entre jeux de mots, blagues et clins d’œil à l’actualité, cette pièce de théâtre moderne et rythmée nous fait passer un très bon moment. On en redemande ! », « Ça commence sur les chapeaux de roues, on suit l’intrigue, on s’immisce dans la peau des personnages, et on en devient le complice. Ajoutez à ça, une pointe de folie abracadabrante, une panoplie de référence de « Social Selling ». Et on en fait un boulevard modernisé associé à la nouvelle génération »…
Donc c’est principalement pour les jeunes, pourrait-on se dire. Pas tout à fait. Regardons de plus près d’autres avis où on peut plus ou moins percevoir la tranche d’âge des spectateurs (c’est-à-dire que même les autres avis plus hauts peuvent avoir été écrits par des gens « plus tout jeunes ») : « Je vais souvent au théâtre, et j’ai été surpris du nombre de jeunes dans la salle, le public riait, il y avait une bonne ambiance, même si je n’ai pas compris toutes les blagues (problème générationnel) j’ai passé un bon moment tout en légèreté », « j’ai entendu parler de cette pièce par une amie. J’ai emmené ma fille de 18 ans pour la première fois au théâtre. Elle a adoré et moi aussi ! C’est original, rythmé, adapté à toutes les générations, et je suis très heureuse d’avoir pu passer un moment complice avec ma fille, je recommande ! », « Une pièce moderne et dans l’air du temps! Il était temps ! J’ai même pu emmener ma fille de 20 ans qui a adoré ! Je recommande ! »… Bref, c’est globalement ce qu’on en dit, quelle que soit notre génération, même si on aurait aimé voir l’avis d’une mère qui a été accompagnée par son fils de 19 ans… Emmener des filles ? C’est fastoche !
« Espèce de journaliste ! »
« Mais de quoi ça parle, cette pièce, enfin ?! », pestent probablement nos lecteurs. Euh… désolé ! L’enthousiasme du public nous a un peu fascinés (surtout pour la première œuvre d’un auteur). Alors voilà, nous avons contacté Mme Kriss Goll, l’autrice, et il s’agit (pas grosso modo) d’une patronne qui a licencié son amoureux pile poil alors que se trouve chez eux un max de sous, planqué là (mais pas caché pour toujours) par… Nous en avons trop dit ! On ferme les robinets, pour ne spoiler personne. Par contre, dans la présentation, on peut aussi lire : « Ce pactole doit être à tout prix récupéré par Max, un vrai bras cassé! Coups de gueule, rebondissements explosifs, séductions, intrigues… Comment cette histoire va-t-elle finir ? » Telle est la question.
D’ailleurs, il n’y a pas que les spectateurs qui aiment, mais les acteurs également. Alexandre Serret, qui joue le rôle de Max, nous confie : « Mon rôle est très agréable à interpréter. Le loufoque, l’absurde, c’est vraiment ce que je préfère dans la comédie. Et jouer un personnage toujours un peu perdu, naïf, et en plus qui interprète lui-même plusieurs personnages, c’est un délice pour un acteur. En tout cas pour l’acteur que je suis ». Quant à Lukas Delcourt, qui endosse le rôle de Barnabé, son enthousiasme n’est pas feint : « Je m’éclate forcément. L’intérêt de jouer des personnages comme le mien, d’autant plus dans une comédie, c’est cette liberté et cet abandon de soi. Une fois que l’apprentissage du texte est digéré, cela donne une liberté au comédien, qui peut se permettre de prétendre à des improvisations, qui sont finalement préparées en amont». Et, finalement, l’autrice elle-même, qui joue le rôle principal de Véronique : « Je m’éclate sur scène car j’ai la chance d’avoir une super équipe de comédiens, talentueux, professionnels et impliqués et une mise en scène très dynamique et à jouer, c’est un réel plaisir. Après j’ai une préférence pour l’écriture, car j’aime être aussi dans l’ombre et pouvoir voir ce que l’on a écrit prendre vie, face à soi ». Notons en ce sens que Kriss n’a pas toujours campé ce rôle. Le casting a plusieurs fois changé (la pièce existe depuis 2020, et il y a eu le Covid qui a bien obligé à faire une pause), et Kriss nous explique pourquoi : « Les comédiens ont changé, car ils ont eu d’autres propositions entre temps. J’ai même un des comédiens qui a fait une reconversion professionnelle, qui est devenu pilote de ligne ! » Celui-là, on peut vraiment dire qu’il a pris son envol.
Sept, c’est un bon chiffre !
Et pour ceux qui hésitent encore, Kriss Goll nous parle des performances : « La pièce a eu un franc succès dès les premières représentations. Nous avons eu salle comble plusieurs fois à la Comédie de Paris en 2020. Malheureusement, la pandémie a mis un terme à l’aventure ». Mais ce n’est pas au Maroc fin 2023 que ça recommence car, toujours selon Kriss: « C’est en 2021 que j’ai eu la surprise, d’un appel de la mairie de Bessancourt, qui souhaitait absolument jouer notre pièce dans leur ville. C’est ainsi que nous avons eu le plaisir de reprendre le spectacle à Bessancourt en 2022, puis nous avons été contactés par le théâtre de dix heures à Paris. En tout, nous avons fait plus de 50 représentations et sept fois salle comble ». A savoir que même si c’est sa première pièce, ce n’est pas sa seule pièce : « Je vais jouer ma deuxième pièce « 7 JOURS MAX » à Paris, en 2024, et je finis également d’écrire ma troisième pièce : « VESTIAIRE CLUB » ! » Une longue et prometteuse carrière en perspective.
Pour en revenir au futur un peu plus proche, « A tout prix », c’est le 5 décembre à Marrakech, le 7 décembre à Rabat, et le 9 à Casablanca. Kriss Goll, qui a déjà visité le Maroc à de multiples reprises, se fait une joie d’y revenir : « J’ai visité plusieurs fois le Maroc: Marrakech, Casablanca, Ouarzazate, Tanger, Essaouira, le col de Tizi n’Tichka… j’ai été fasciné par Skoura où les paysages sont incroyables, vastes, de la neige aux cactus, j’ai adoré. Le Maroc est mon pays de cœur et mon porte-bonheur. Le peuple marocain est un peuple accueillant, chaleureux, souriant et prêt à aider ». Il semble que le plaisir sera partagé. Bon spectacle aux uns, et bon voyage aux autres !
