Le crash d’hélicoptère du président iranien Ebrahim Raissi, attribué à des conditions météo très difficiles, n’est pas dénué de zones d’ombres. Explications.
L’Iran, toujours sous le choc, a dit adieu à son président, Ebrahim Raïssi Ebrahim Raïssi, 63 ans, lors de funérailles nationales. Élu à la tête du pays le 18 juin 2021, il est décédé brutalement dans un accident d’hélicoptère avec plusieurs autres responsables de haut rang dont le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian.
Survenu dimanche 19 mai 2023 dans une région montagneuse et brumeuse du nord-ouest du pays, le drame est attribué officiellement aux mauvaises conditions météorologiques, avec de la pluie et un épais brouillard. A la suite de ce crash, le chef d’Etat-major Mohammad Bagheri a ordonné « à un comité de haut rang de lancer une enquête sur la cause» de ce crash qui laisse en effet songeur. Soupçonne-t-il un acte de sabotage ou un tir de missile ennemi? Comment ne pas s’interroger sur cet accident fatal intervenu un peu plus d’un mois après la fameuse attaque aux drones lancée contre Israël par l’Iran en guise de représailles des frappes israéliennes du 1er avril 2024 sur le consulat d’Iran à Damas, qui ont tué deux gradés des gardiens de la révolution ? Faut-il voir dans la mort du président iranien, qui incarne la ligne dure du régime, la main des services secrets israéliens ? Auquel cas M. Raïssi a certainement péché par imprudence en prenant l’hélicoptère par temps Mossad…
Ebrahim Raïssi était-il une cible? On ne le saura peut-être jamais. Surtout que la thèse de l’accident est privilégiée pour l’instant , et il sera difficile de connaître les véritables causes et circonstances du drame, si les investigations officielles iraniennes s’arrêtent à la thèse de l’accident qui viendrait s’ajouter à la longue liste des crashs aériens non élucidés, sur lesquels plane le spectre de services secrets étrangers, ont été nombreux dans l’histoire (lire encadré).
Jusque-là, les frappes ou les attentats attribués à Israël contre l’Iran ont toujours ciblé des responsables militaires ou scientifiques du régime, notamment ceux engagés dans les opérations à Gaza, en Syrie, ou les experts du programme nucléaire. Ce qui laisse penser que le régime est infiltré au plus haut niveau. Le dernier raid contre le consulat iranien à Damas le 1er avril 2024, qui a coûté la vie à deux généraux , Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi, est significatif à cet égard.
Ces deux officiers n’ont pu probablement être localisés, et visés par l’aviation israélienne, que grâce à une information obtenue a priori de l’intérieur, puisque les deux responsables ont été touchés juste après la sortie de la salle de réunion du Consul d’Iran. Comment expliquer autrement que par un acte de mouchardise l’assassinat ciblé, le 3 janvier 2020, du Général Qassim Soleimani par un drone de l’armée américaine sur l’aéroport international de Bagdad?
En l’espace d’une décennie, entre 2010 et 2020, l’Iran a perdu, selon le même mode opératoire, cinq experts nucléaires dans ce qui ressemble à des assassinats. Parmi les victimes figure , Mohsen Fakhrizadeh, considéré comme le père des activités nucléaires secrètes de l’Iran. Il a été attaqué dans le village d’Absard, situé à l’est de la capitale. D’après le ministère iranien de la Défense, l’homme, âgé alors de 59 ans, fut pris pour cible par un groupe d’assaillants alors qu’il se trouvait à l’intérieur de son véhicule, en compagnie de ses gardes du corps. Quelle coïncidence !