Ces humoristes qui ont présidé aux destinées de la Raie publique (17)

En 1920, il n’y avait pas encore les sondages, mais démentant tous les pronostics, un homme idéaliste, Paul Deschanel, est élu président de la France après avoir devancé le fameux tigre Georges Clemenceau à la surprise générale, ce très populaire tigre qui a gagné la première guerre mondiale contre l’Allemagne. L’idéaliste Paul Deschanel prend ses fonctions de président de la République française le 18 février 1920. Dès son arrivée aux affaires, Paul Deschanel va vite se rendre compte de ses très faibles pouvoirs à la présidence de la République et de son incapacité à avoir une plus grande marge de manœuvre du fait de la pratique en vigueur sous la Troisième République. Son inexpérience à une fonction du pouvoir exécutif et les lourdes règles de protocole renforcent ses angoisses. Le 23 mai 1920, Paul Deschanel monte dans le train présidentiel à destination de la commune de Montbrison (proche de Saint-Etienne dans la Loire, département 42), où il doit inaugurer un monument rendant hommage à Émile Reymond, sénateur du département et aviateur, mort au combat en 1914. Peu avant minuit, dans le convoi surchauffé, le chef de l’État éprouve une sensation d’étouffement, il ouvre la fenêtre à guillotine de son compartiment et chute de sa voiture. Il a eu beaucoup de chance car au même moment la vitesse du train est lente et il tombe sur un tas de sable. Il se retrouve alors à côté de la voie ferrée, en robe de chambre et pyjama.

Après avoir marché un moment dans la nuit le long de la voie ferrée, Paul Deschanel rencontre un ouvrier cheminot qui surveille la zone de travaux, auprès duquel il se présente comme étant le Président de la République. L’image des personnalités politiques étant à l’époque encore peu diffusée auprès de la population, le cheminot se montre sceptique et lui aurait répondu : « Et moi je suis la reine d’Angleterre ! ». Il le conduit jusqu’à la maison du garde-barrière, où la femme de ce dernier le soigne et le met au lit. Cette femme aurait dit ultérieurement à des journalistes : « J’avais bien vu que c’était un monsieur car il avait les pieds propres ».

Plus tard il sera établi par des médecins que la chute du train a été causée par une forme de somnambulisme, dû à plusieurs facteurs : prise d’un hypnotique — auquel il n’était pas habitué —, chaleur du compartiment, mode d’ouverture particulier des fenêtres à guillotine qui permit le basculement du président lorsqu’il souhaita respirer de l’air frais. Il a été fait également état du « syndrome d’Elpénor » (par référence à l’aventure d’un compagnon d’Ulysse), qui aurait été provoqué par la prise de calmants pour dormir et aurait créé chez le Président un état de semi-conscience maladive lors d’un réveil incomplet. L’ancien président de la République Raymond Poincaré fait état de la dangerosité du système d’ouverture des fenêtres du convoi visant à permettre au chef de l’État d’être vu du peuple. La dépression du président de la République se poursuit au fil des mois et le contraint à démissionner en septembre 1920. Cet idéaliste ne sera resté aux affaires qu’un semestre… Délai trop court pour octroyer le droit de vote aux femmes : Georges Clemenceau ne cesse de réaffirmer son opposition au droit de vote des femmes. La République est encore fragile et l’Eglise, non séparée de l’Etat, constitue une puissance de réaction loin d’être négligeable. Pour le Tigre, le suffrage féminin « aurait pour résultat certain de nous livrer, du jour au lendemain, à la réaction la plus effrénée. A quoi bon dépouiller le double de bulletins pour obtenir le même résultat ? ».

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