Nous célébrons le centenaire de la ville de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates voulu par Lyautey. ‘‘Jnaynar Lotti’’, comme le nommaient les Ouled Abdoun, en signant le décret du 27 janvier 1920, était le seul à être conscient du caractère exceptionnel de ce ‘‘Loufisse’’. En confiant l’exploration et l’exploitation de l’OCP au seul ‘‘Magasin’’ (ma5zen), Lyautey a ainsi évité la rapacité du secteur privé. Dès juin 1921, la première cargaison de phosphates est transportée à bord du train de Boujniba vers le port de Casablanca. Le gisement des Ouled Abdoun à Boujniba, dans les environs de la future ville de Khouribga, est le premier à être exploité. « Loufisse» se dépêche d’équiper au mieux la ville car il fallait ce qu’il fallait : que les cadres zéropéens, qui se sont déversés de tout le pourtour méditerranéen dans ce nouvel eldorado, se sentent au mieux dans leur nouveau cadre de vie pour produire ou extraire, très vite, un maximum de phosphate. Pour se détendre le dimanche, à la sortie de l’église du village, « Loufisse » va leur construire un complexe sportif de très haut niveau, rendant jaloux les Casaouis qui venaient passer le week-end en « France », tellement 5ribga des années trente était française ! Ce complexe est composé de plusieurs installations sportives autour du stade de football avec des aires de jeu pour le rugby, le basket, le hand-ball et même un énorme mur – un fronton – pour jouer à… la pelote basque ! C’est étrange de construire un tel « fronton » chez les Ouled Abdoun car la pelote basque se pratique principalement dans le sud-ouest de la France du côté de Bayonne et de Biarritz et dans le nord de l’Espagne. Cela laisse à croire, qu’il y avait une forte immigration basque chez les Ouled Abdoun.
La pelote basque regroupe plusieurs jeux de balle issus du jeu de paume. Dans la plupart des spécialités, le jeu consiste à envoyer, de volée ou après un rebond, la pelote contre un mur principal, nommé fronton, afin qu’elle retombe sur l’aire de jeu nommée ‘‘cancha’’. Le jeu continue jusqu’à ce qu’une équipe commette une ‘‘falta’’ (faute) ou n’arrive pas à relancer la pelote avant le deuxième rebond. Outre ces aires de jeu de balle/ballon rond et ovale, « loufisse » a aussi construit une piscine dotée d’un toboggan en béton… Qui dit béton, dit maillot déchiré en fin de journée… Nombreux sont les gamins qui, ayant abusé toute la journée de ce toboggan en béton, repartent en fin de journée avec un maillot en lambeaux et des fesses râpées ! Ce complexe sportif du Phosphate comprend aussi des terrains de tennis, un circuit de karting, des stands de tir au vol dotés de ball-traps dans un cadre panoramique, un club de sports équestres, des salles de judo, d’haltérophilie, de gymnastique… Au début, le club de foot de 5ribga, la fameuse ‘‘Losséka’’, l’Olympique Club de Khouribga, était constitué seulement par des Français car le nombre des habitants du village français ne dépassait pas les 10 mille dans les années trente. Plus tard, quelques ‘‘indigènes musulmans’’ se sont mis aussi à courir après le ballon rond : Si 3li Adam, 7aj Bouch3ayb, Bihi, Chrif, 3aroui, Hammi, Mohamed Karamate plus connu sous le nom de 7aj Sa7raoui…
Losséka a réussi dans les années trente à accéder à la deuxième division aux côtés des clubs de l’US Kénitra, l’Olympique de Casablanca, le Club de Mazagan (nom berbère, arabisé par les suppresseurs de la culture amazigh en ‘‘ville nouvelle’’, l’actuelle Eljadida), le Club de Fdala (nom d’origine changé en ‘‘Mohamed ville’’, l’actuelle ‘‘Mohammedia’’), La Poste de Rabat, l’Idéal Club de Casablanca Roches Noires. Pour rappel, la première division du foot des années trente se constituait de dix clubs qui étaient : le Wydad Casablanca, le Racing de Casablanca, le Stade Marocain, l’Olympique de Safi, l’US Marocaine, l’US Athlétique, l’Olympique marocain, l’Union sportive de Fès, le CA de Casablanca et l’US Fès. (A suivre)