D’habitude, la mort d’un être humain suscite empathie et compassion. Pas aux États-Unis où l’assassinat marcredi 4 décembre au cœur de Manhattan, à New York, de Brian Thompson, 50 ans, atteint d’au moins trois balles tirées d’un pistolet doté d’un silencieux, a déclenché sur les réseaux sociaux une vague de commentaires caustiques, une pluie de blagues et un torrent de sarcasmes. Choquant.
« J’ai soumis une demande de prise en charge pour mes condoléances mais elle a été refusée, trop triste », assène, plein d’ironie, un internaute sur TikTok. « Pensées et prières pour tous les patients à qui l’on a refusé une prise en charge », commente un autre.
«Mes pensées et mes prières ne sont pas incluses dans ma couverture » santé. Pas la moindre compassion pour la victime dont le tueur présumé, qui a agi par vengeance, a été arrêté au bout d’une traque de 5 jours.
La victime était le patron de UnitedHealthcare, géant de l’assurance maladie aux États-Unis, accusé de s’enrichir de manière scandaleuse sur le dos des patients en leur refusant des prises en charge.
« United a refusé de payer mes médicaments quand on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques », indique une internaute sur TikTok. « J’espère que sa famille va recevoir une facture », cogne-t-elle au sujet de M. Thompson. UnitedHealthcare couvre environ 50 millions de personnes aux Etats-Unis et a réalisé 16,4 milliards de dollars de bénéfices en 2023.
La même année, la rémunération de son patron, Brian Thompson, a été de plus de 10 millions de dollars. « Toutes les blagues, tout le sarcasme à propos de la tuerie, c’est un mécanisme de défense pour une population qui se sent impuissante face à notre système de santé», résume pour sa part dans une vidéo TikTok, l’ophtalmologue et comédien « Dr Glaucomflecken », William Flanary, de son vrai nom, connu pour ses vidéos médicales satiriques.
Cette explosion de rage et de dérision après la mort de Brian Thompson met aussi en lumière les loupés du système de santé américain, qui repose en grande partie sur les assureurs privés. Un système hautement juteux qui crée un accès égalitaire aux soins dans un pays où les magnats de l’assurance-maladie ne pensent qu’à soigner leurs marges.
