Quelque 150.000 élèves ont quitté leurs bancs d’écoles privées pour rejoindre ceux des établissements publics lors des années scolaires 2019-2020 et 2020-2021. Détrompez-vous, cette transhumance n’est pas due au retour de la performance d’antan dans le système étatique fréquenté d’habitude par les enfants issus des milieux défavorisés. Loin de là. C’est l’effet de la crise sanitaire qui a durement impacté le pouvoir d’achat d’une partie de la classe moyenne qui avant l’avènement de la crise se permettait de scolariser sa progéniture dans les écoles payantes. Le Covid-19 a changé la donne, poussant bien des parents à migrer vers les écoles publiques, incapables qu’ils sont de payer en ces temps de disette financière de 12.000 à 15.000 DH minimum par an au titre de frais de scolarité pour les enseignes les moins chères. « L’école publique offre l’avantage d’être gratuite », explique Mohamed.
Ce chef de famille dont les revenus d’auto-entrepreneur ont baissé de manière drastique. De nombreuses familles se sont retrouvées dans la même situation très peu enviable qui a fait des frais de scolarité dans le privé une dépense importante qu’elles ne peuvent pas régler. L’enseignement à distance adopté pendant le confinement général a ouvert les yeux aux parents qui se sont rendu compte, à la faveur du suivi de l’apprentissage de leurs enfants, que la qualité de l’enseignement qu’ils paient chèrement n’est pas au rendez-vous. « Beaucoup d’écoles payantes ont vendu aux parents une qualité pédagogique supposée avec des profs compétents alors que la réalité est beaucoup moins reluisante » explique un parent d’élève déçu.
En effet, le business de l’enseignement payant a prospéré principalement sur la crise et la désaffection qui minent les écoles publiques depuis plusieurs décennies. De petits malins en ont profité pour créer des enseignes payantes en vendant aux parents un enseignement performant qui n’est en fait qu’une chimère. Or, la quasi-totalité des écoles privées fonctionnent avec le corps enseignant du public, puisque les promoteurs de ce commerce juteux ont été incapables de former leurs propres enseignants. Le recours au corps professoral de l’Éducation nationale se fait souvent au détriment des intérêts des élèves du public. Moralité : la triche ne sévit pas seulement dans le camp des apprenants…
