Le discours royal du vendredi 13 octobre à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 3ème année législative de la 11ème législature est exceptionnel à plus d’un titre. Sur le plan protocolaire, il n’a pas été prononcé seulement devant les députés des deux Chambres comme le veut la tradition institutionnelle mais également en présence de deux hôtes étrangers de marque : la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva et son homologue de la Banque mondiale Ajay Banga dont les institutions ont choisi Marrakech pour tenir leurs assemblées annuelles 2023.
L’allocution royale de ce vendredi intervient dans un contexte particulier pour le Maroc en raison du séisme meurtrier qui a frappé le 9 septembre dernier une partie du Haut-Atlas, l’arrière-pays de Marrakech et de Taroudant. A cet égard, le Roi Mohammed VI a salué « les valeurs authentiques de l’âme marocaine» qui « ont prévalu (…) dans un « bel esprit et cetidéal noble » [ qui] nous habitent tous car ils représentent, pour Nous, les ferments de l’unité et de la cohésion de la société marocaine ». Tout en évoquant les conséquences inéluctables de tout tremblement de terre que sont la destruction et la désolation, le souverain a insisté sur « la ferme volonté » qui l’anime: «Agir pour reconstruire. La même volonté dont le Roi Mohammed VI a fait montre dès le survenue de cette catastrophe naturelle en sonnant la mobilisation générale pour apporter secours et réconfort aux victimes et ouvrir immédiatement le chantier de la reconstruction par la mobilisation du financement nécessaire. L’autre volet du discours royal a été consacré à une «révision du Code de la famille (la Moudawana) [ qui] s’inspire [ des ] valeurs nationales qui inscrivent la famille et les liens familiaux dans la sphère du sacré ». « Nous y tenons d’autant plus fortement que le monde subit aujourd’hui des mutations profondes et accélérées ayant conduit à un repli significatif des systèmes de valeurs et des référentiels, et parfois même à leur abandon pur et simple », a expliqué le souverain. Il est hors de question pour le chef de l’État de s’aligner au nom d’une fausse modernité sur les standards occidentaux minés par une crise morale profonde pour amender la Moudawana. Le message royal est sans équivoque : Toute piste de réforme doit obligatoirement s’inscrire dans le corpus des valeurs nationales empreintes d’ouverture, de progrès et de spiritualité. « Une société saine s’érige sur le socle d’une famille saine et équilibrée. Corrélativement, si la famille se désagrège, la société perd inévitablement la boussole», a indiqué le souverain qui explique les raisons qui l’ont toujours incité « à sanctuariser la famille, en mettant en chantier de grands projets et des réformes majeures en sa faveur » parmi lesquels il cite le chantier de généralisation de la protection sociale » qui constitue, pour Nous, un pilier essentiel de notre modèle sociétal et de développement ».
Dans cette optique, le Roi Mohammed VI aborde un autre chantier non moins d’envergure, le programme d’aide sociale directe qui sera opérationnel avant la fin de l’année. Adossé au système de ciblage du Registre Social Unifié (RSU), ce dispositif bénéficiera, selon le souverain, à « certaines franges nécessiteuses de la société » comme les enfants en âge de scolarité, les enfants en situation de handicap et les nouveau-nés ainsi qu’aux familles pauvres et en situation de précarité, sans enfants en âge de scolarité, et les ménages ayant à charge des personnes âgées. « Grâce à son impact direct sur les familles ciblées, ce programme permettra de rehausser leur niveau de vie, de combattre la pauvreté et la précarité et, in-fine, d’améliorer les indicateurs de développement social et humain », précise le souverain qui a insisté « sur le strict respect des principes de solidarité, de transparence et d’équité dans l’attribution de l’aide, notamment au profit de celles et de ceux qui le méritent». Dans ce cadre, le Roi Mohammed VI a exhorté le gouvernement à œuvrer pour la pérennisation des ressources de financement » de ces amortisseurs sociaux tout en mettant l’accent sur « une bonne gouvernance» de l’ensemble du dispositif. Tout un programme.
