Le président sortant Joe Biden cherche-t-il à compliquer la tâche diplomatique à Donald Trump qui a martelé tout au long de sa campagne électorale qu’il est en capacité d’arrêter les hostilités entre les deux frères-ennemis ?
Jamil Manar
Attendue depuis longtemps, la décision est venue un peu tard. Après plusieurs mois de réclamations insistantes, Joe Biden a donné son accord à Volodymyr Zelensky pour utiliser les missiles américains ATACMS d’une portée de 300 kilomètres pour frapper la Russie en profondeur, a annoncé un responsable américain.
Un débat agitait depuis plusieurs mois les chancelleries occidentales pour autoriser le recours aux missiles US contre le territoire russe. Emmanuel Macron avait défendu cette option lors d’une visite d’État en Allemagne en mai 2024.
Le président ukrainien a accueilli dimanche 19 novembre cette information sans enthousiasme, ajoutant qu’« aujourd’hui, de nombreux médias rapportent que nous avons reçu l’autorisation de prendre des mesures appropriées». «Mais les frappes ne se conduisent pas à l’aide de mots. Les choses comme cela ne sont pas annoncées», a-t-il poursuivi. «Les missiles parleront d’eux-mêmes». Une manière de signifier qu’il attend la livraison effective des armes pour juger…
Cette décision constitue un changement important dans la conduite des opérations ukrainiennes. Avec ces missiles d’une portée maximale de plusieurs centaines de kilomètres, l’Ukraine pourrait toucher des sites logistiques des forces russes et des aérodromes d’où décollent ses bombardiers. Mais les experts des affaires militaires sont sceptiques quant à la capacité de ces missiles à changer la donne sur le terrain pour l’Ukraine. Le président russe, Vladimir Poutine, avait prévenu qu’une telle décision signifierait que «les pays de l’Otan» sont devenus co-belligérants.
Cependant, le timing de cette décision, prise par un président américain sortant, interroge sur sa véritable finalité. Biden cherchait-il compliquer la tâche diplomatique à Donald Trump qui a martelé tout au long de sa campagne électorale qu’il est en capacité d’arrêter les hostilités entre les deux frères-ennemis ? En guise de riposte à la décision de Biden, le président russe Vladimir Poutine a signé mardi 19 novembre une doctrine nucléaire révisée, déclarant qu’une attaque conventionnelle contre la Russie par toute nation soutenue par une puissance nucléaire sera considérée comme une attaque conjointe contre son pays. Un énième coup de bluff du maître de Kremin qui n’arrête pas de brandir l’arme nucléaire tactique sans passer à l’acte? Mais il ne faut pas trop énerver le tsar…