Propos recueillis par Laila Lamrani
Encore une énième arrestation d’un professeur issu de l’université Ibn Zohr d’Agadir pour son implication supposée dans la vente de diplômes de masters. Que vous inspire le scandale lié à ce trafic qui secoue régulièrement le monde universitaire national ?
Visiblement, certains enseignants indélicats ont installé en douce une filière juteuse de commercialisations de masters. Ve qui montre l’existence d’une forte demande pour ce produit qui ouvre la voie à des fonctions dans la fonction publique ou certains métiers et permet aussi à son titulaire de changer de garde professionnel . D’ou l’engouement qu’il suscite auprès des candidats…
Donc, c’est une affaire d’offre et de demande ?
Non, je n’ai pas dit exactement cela, J’ai juste fait remarquer que les masters en particulier , en raison de leur valeur professionnelle, sont l’objet d’un business florissant qui prospère grâce à des réseaux de complicités bien solides.
Manifestement, nous sommes face à de véritables réseaux criminels qui gangrènent un enseignement supérieur déjà malade. Comment expliquez-vous ce fléau ?
La volonté de s’enrichir de manière indue quitte à vendre des diplômes au plus offrant. C’est un désastre.
Mais c’est la crédibilité du diplôme national qui est en cause dans cette triste affaire…
Par les temps qui courent, tout se vend et s’achète, tout a un prix. Les valeurs éthiques sont piétinés par la valeur marchande. Ce qui fait qu’on peut acheter hélas son diplôme comme on achète du lait dans un supermarché ou un mouton au souk. On est tombé très bas…
Mais comment se relever et redorer le blason des masters en particulier et du savoir universitaire national?
En sévissant contre les barons du master . La justice doit être impitoyable avec les escrocs qui font commerce avec le savoir universitaire.
Le master est devenu un diplôme douteux, objet de toutes les suspicions car achetable…Faut-il supprimer le master ?
Non, ce sont les fraudeurs qu’il faut neutraliser; ils sont plus dangereux que les trafiquants de drogue puisqu’ils contribuent à tirer le niveau général vers le bas.
