Le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari : Notre poisson migre aussi

Juste après sa prestation devant le Parlement en relation avec la cherté des viandes rouges et blanches et même de la sardine, le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari s’est confié au Canard pour développer le fond de sa pensée…


Propos recueillis par Laila Lamrani

Vous avez récemment déclaré devant le parlement que la sécheresse fait fuir le poisson pour expliquer sa cherté. L’argument est pour le moins original…

Nos détracteurs qui sont aussi nombreux que les raisons d’espérer sont devenues rares ne manqueront pas de dire que je cherchais à noyer le poisson en trouvant des excuses à cette envolée continue des prix qui touche jusqu’à la sardine.

Sur quoi vous êtes-vous basé pour avancer une telle énormité ? Une enquête de l’INRH ou une étude superflue de McKinsey ?

C’est une vérité toute fraîche que je tiens de mon boucher qui s’y connaît aussi en micmacs en haute mer. 

Avez-vous identifié les pays où migre le poisson national ?

Comme votre question me semble intéressante, je compte lancer une étude dans ce sens pour savoir d’abord si notre poisson migre avec ou sans visa et s’il serait opportun d’élaborer une politique de retour au bercail maritime pour combler le déficit en ressources halieutiques. J’espère que les océans sont traversés par des courants de xénophobie marine…

La xénophobie marine ?

La xénophobie marine serait cette fois notre meilleure alliée car susceptible de déboucher sur des refoulements en masse de notre poisson national fuyard via des charters nautiques.

Quid des requins de la pêche du Maroc? Est-ce que la sécheresse les a fait fuir aussi ? 

Visiblement, non ! Les requins de la pêche sont connus pour s’adapter à tous les climats, qu’ils soient arides, semi- arides ou tempérés… 

Finalement, la sécheresse et le changement climatique ont bon dos…Ils peuvent servir pour expliquer tout ce qui ne va pas au Maroc…

Bien évidemment. C’est du pain béni pour le gouvernement qui se trouve démuni face au dérèglement climatique et au stress hydrique qui se sont ligués contre notre gouvernement pour lui faire battre des records d’impopularité. Même la rougeole, virus favorisé, selon mon coiffeur attitré, par l’absence des précipitations, s’est mise de la partie pour rendre notre bilan encore plus pâle…

La faute ce n’est pas aux lobbys de l’alimentaire qui s’enrichissent au détriment des couches défavorisées en irriguant plus que de raison leurs comptes bancaires ?

C’est une question à laquelle je ne suis pas habilité à répondre. 

La vie chère au Maroc est donc un phénomène naturel, il ne faut pas se casser la tête à trouver d’autres explications…

Absolument. Vivement la pluie en abondance et la fin de la sécheresse! C’est le seul moyen pour acheter à des prix abordables les viandes rouges, blanches et la sardine. Lyautey a raison: Au Maroc, gouverner c’est pleuvoir!

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