Ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada s’exprime sur la multiplicité des agressions des enseignants et les moyens à déployer pour contrer ce phénomène.
Propos recueillis par Laila Lamrani
Les enseignants ne sont plus la cible d’actes d’agression, ils sont désormais tués. Enfoncée dans une crise profonde, l’école marocaine est devenue un terrain de conflictualité et de violence. Est-ce normal ?
Non, ce n’est pas normal. Mais ce qui s’y passe est la résultante du massacre pédagogique qu’elle subit depuis plusieurs décennies.
Quelle lecture faites-vous de ce phénomène inquiétant et quelles mesures de protection pour le personnel éducatif ?
Le métier d’enseignant est devenu à haut risque, en raison de la multiplication des actes d’agression à l’encontre des enseignants. La formatrice de l’OFPPT d’Erfoud, morte après avoir subi un coup de hache sur la tête de la part d’un stagiaire.
Mais comment protéger les enseignants face aux agresseurs ?
Pour résoudre ce problème, J’envisage de recourir à l’intelligence artificielle via l’installation de caméras à l’intérieur des établissements. J’espère que ce dispositif de surveillance aura un effet dissuasif sur les apprenants violents dont certains commencent à développer des pulsions criminelles.
Et à l’extérieur de l’établissement où se déroulent souvent les actes d’agression ciblant les enseignants ?
Pour les agressions outdoor, le problème ne relève pas des attributions de mon ministère. C’est une affaire des corps de sécurité qui doivent agir pour protéger nos enseignants.
Mais ce serait trop tard une fois que l’agresseur aura accompli son forfait, non ?
Dans ce cas, il faudrait envisager d’autres solutions comme équiper les enseignants en casques et de gilets de protection…
A ce point !
Comme je l’ai dit, le métier est devenu dangereux et pour l’exercer par les temps qui courent marqués par un recul de l’éducation et des valeurs. L’école marocaine que je suis en train de redresser est un naufrage.
Qu’est ce que vous faîtes pour la redresser ?
En fait, pas grand-chose. Je mise sur les sens de la responsabilité et de la discipline des élèves pour que les choses s’améliorent. Autrement, il n’existe pas de baguette magique pour résoudre ce probleme.
Les enseignants évoluent en milieu hostile, voire dangereux. Comment les rassurer ?
À eux d’agir de se faire aimer de leurs élèves.
Mais comment? en leur offrant des bonbons et des sucettes?
Pourquoi pas si la confiserie peut introduire un brin de douceur dans ce monde de brutes.
