Une équipe du Canard a été reçue par le leader du PJD Abdelilah Benkirane dans un café populaire de la capitale où il sirotait, emmitouflé dans une ample gandoura, un thé à l’absinthe.
Vous avez qualifié samedi 1er janvier la défaite du PJD aux dernières élections de tsunami. Visiblement, vous n’avez toujours pas digéré l’effondrement politico-électoral du parti…
Réponse : Comment pouvez-vous digérer pareille débâcle sans précédent dans les annales politiques nationales, voire internationales ? Comment peut-on imaginer que la première force politique du pays dégringole à la 8ème place après dix années de pouvoir ? Le PJD est tombé tellement bas qu’il faut vraiment bien se baisser pour le ramasser. Il y a un os et un gros quelque part…
L’os vous est resté en travers de la gorge…
Mais je vous rassure tout de suite : en tant que revenant politique et faux retraité, j’ai la ferme intention de sortir de reconstruire notre parti dévasté et désorienté à la fois. C’est ma mission et je ne faiblirai jamais devant les difficultés.
Quel est votre programme ?
D’abord, restaurer l’image du PJD et l’aider à reconquérir le pouvoir dans la perspective de l’alternance. Il est vrai que les islamistes n’ont pas des cadres compétents mais certains d’entre eux ont des dons d’amuseurs publics. C’est pour cela que je n’ai pas l’intention de changer un programme qui gagne : dénoncer les crocodiles et les mauvais esprits à défaut de pouvoir les combattre tout en racontant des blagues au petit peuple.
En somme, amuser la galerie…
Mais c’est important, voire vital de distraire les gens. Raconter des blagues dans un style qui parle à plèbe n’est pas donné à n’importe qui. C’est un talent que je suis le seul homme politique à avoir.
Or, depuis que j’ai perdu la primature, le peuple marocain est devenu triste et crispé ; entre grisaille politique et crise sanitaire, il ne rigole plus. Ce qui est un scandale. Il faut au moins le faire rire à défaut de pouvoir s’en occuper.
Quelle est votre ambition la plus chère ?
Redevenir Premier ministre en 2025, voyons ! C’est pour cette raison que j’ai accepté de reprendre le flambeau de la chefferie islamiste. Ma cartomancienne attitrée de Hay Laymoune à Rabat, que je consulte régulièrement, m’a confirmé le jour de l’an que j’ai de sérieuses chances de revenir en farce.