Depuis quelques semaines, la pâte à tartiner El Mordjene, présentée comme un produit de fabrication algérienne de la marque Cebon, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Certains clients se félicitent de trouver, enfin, en France, dans des épiceries de la banlieue nord de Paris, un produit prisé en Algérie, qui a la saveur de l’enfance et des vacances. El Mordjene devient un truc viral. On aiguise l’appétit et la curiosité des internautes. C’est le but de la manœuvre, faire connaître une denrée inconnue au bataillon agroalimentaire en recourant aux artifices de la virtualité. La presse algérienne entre à son tour en lice pour faire monter la mayonnaise, allant jusqu’ à écrire que la célèbre pâte à tartiner italienne Nutella est menacée d’être détrônée par El Mordjene bien partie pour être la star des exportations agroalimentaires algériennes en France. Rien que ça ! Quand il s’agit de monter l’intox et le mensonge en épingle, les médias algériens, inféodés pour la plupart au régime des généraux repus et corrompus jusqu’à la moelle, ne vont pas du dos de la cuillère!
Soudain la douche froide ! Les autorités françaises décident d’interdire El Mordjene. En Algérie, où on a du mal à digérer cette décision, certains milieux poussés par les pontes d’un régime qui en veut à mort à la France surtout depuis sa reconnaissance fin juillet dernier de la marocanité du Sahara dénoncent un complot de Paris pour compromettre le succès d’un produit qui n’a en vérité de succès que sur les réseaux sociaux. Côté ventes réelles dans les rayons, il s’en vend effectivement quelques milliers de pots chaque année en France en empruntant des circuits d’importation parallèles. Mais ce n’est pas avec ces petits volumes que les vraies pâtes à tartiner bien installées dans les habitudes de consommation vont vaciller sur leurs bases ! El Mordjene, la fierté algérienne, compte pour du beurre. Le pot-aux-roses ne tardera pas à être découvert… En effet, le produit made in Algérie n’a pas été interdit puisqu’il n’a jamais décroché les autorisations des services vétérinaires pour être commercialisé en France. La raison ? El Mordjene contient du lait !
Le ministère français de l’Agriculture a invoqué des « déclarations à l’importation erronées » comme motif de suspension de l’importation d’El Mordjene. Dans un communiqué, le ministère a indiqué que cette décision faisait suite à une demande d’information émanant d’un transitaire chargé des formalités douanières. Une enquête approfondie a été menée, concluant que le produit algérien n’était pas autorisé à être commercialisé en Europe en vertu du règlement européen (UE) 2021/405, qui liste les pays tiers autorisés à exporter des produits alimentaires, notamment laitiers, vers l’Union européenne. Or, l’Algérie ne figure pas parmi ces pays, car elle ne dispose pas d’établissements agréés pour la transformation des produits laitiers. Une belle déconfiture story à l’algérienne dans un pays dont les dirigeants n’excellent que dans un seul exercice: celui de traîner des casseroles!