L’appel au secours des opérateurs

Nadia Fettah Alaoui, la voix inaudible du tourisme.

Le collectif de la nouvelle génération d’entrepreneurs touristiques au Maroc tire la sonnette d’alarme via un appel à une action forte de la part du gouvernement de Sa Majesté le Roi pour éviter la désagrégation du tissu industriel touristique national durement impacté par la crise sanitaire.

Des dizaines de milliers de familles qui vivent du tourisme sont sous la menace d’une précarisation inquiétante. L’heure est grave : après plus de 15 mois d’arrêt net de l’activité, l’absence totale de visibilité quant à la sortie de cette crise demande des mesures sérieuses et immédiates, tant pour tenter de sauvegarder ce qu’il reste de l’outil de production touristique et de maintenir un soupçon de paix sociale que pour permettre une relance de l’activité. Pour cela, notre collectif souhaite insister sur six points fondamentaux pour la sauvegarde et la relance :

1- La prorogation du mécanisme de l’IF (l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams et les mesures y afférentes) jusqu’à 3 mois minimum après la levée de l’état d’urgence sanitaire. Puisqu’il y a unanimité sur la durée de la crise et la lenteur de la reprise qui ne font pas débat, ceci est un minimum, réaliste, réfléchi et objectif. C’est même l’exacte logique « d’aide à la reprise » qui a prévalu au 2eme semestre 2020. A défaut, les faillites vont s’accélérer et les licenciements – évités depuis 15 mois! – s’imposer.

2- La prolongation pour l’ensemble des employés du secteur des reports de crédits et de traites jusqu’à la levée de l’état d’urgence sanitaire. Actuellement, les salariés du secteur font face à une double peine : une réduction de leur revenu, au mieux à 50%, et bien plus en moyenne et la poursuite des prélèvements bancaires pour leurs traites avec les agios et les frais d’impayés qui s’accumulent. Les IF (indemnités forfaitaires de la CNSS de 2000 dirhams) sont virés sur leur compte et prélevées immédiatement par les banques, ne laissant de ce fait les salariés sans aucun revenu disponible pour survivre pendant cette période. Un accord doit être trouvé entre le GPBM et Bank Al Maghrib pour soulager ces salariés de cette pression additionnelle, d’autant plus que n’ayant aucun revenu, ils sont dans l’incapacité de payer. A défaut, ces salariés changeront de secteur et l’industrie perdra une expertise indispensable au redémarrage de l’activité.

3- La levée totale des restrictions de la circulation inter-régionale.

4- La réouverture du trafic international graduellement et par étape en priorisant les vaccinés et, en sus et à défaut, les tests PCRs négatifs – à partir du 15 Juin 2021. Le tout à annoncer sans délai et à l’avance de sorte à permettre à tous les maillons de la chaîne (nationaux et étrangers) de se reprogrammer pour ces échéances. 30 à 60 jours de délai à partir de l’annonce publique sont un minimum pour « réamorcer la pompe». L’annonce d’un rétro-planning sur 30 à 60 jours ne signifie pas son immuabilité en toutes circonstances. Voir les exemples des Royaume-Uni, France, Espagne, etc. Une annonce forte aujourd’hui n’empêche pas un ajustement ultérieur si les circonstances à venir devaient l’exiger.

5- La vaccination priorisée des salariés du secteur. A commencer par ceux déclarés à la CNSS : en dehors de l’efficacité objective de la mesure, il y a un effet de communication vis-à-vis du marché international qui positionnera le Maroc comme pays à la pointe de la gestion du COVID 19 et donc comme une destination prioritaire pour un tourisme en sécurité.

6- L’arrimage du Maroc aux mécanismes du Pass sanitaire de l’UE, afin de pouvoir s’intégrer dans le circuit général de programmation des compagnies aériennes et tour-opérateurs internationaux. Le collectif est conscient des défis auxquels le Maroc doit faire face pour assurer la sécurité sanitaire de ses citoyens, mais il demande que l’on prenne en compte également la dimension sociale et économique et la détresse dans laquelle se trouvent l’ensemble des parties prenantes de l’industrie touristique. Ceci est un appel citoyen et un appel de détresse par défaut de prises de paroles suffisantes et structurées de nos organisations professionnelles nationales.

Le collectif de la nouvelle génération d’entrepreneurs du Tourisme est un « think tank» de dirigeants d’entreprises touristiques intégrant toute la chaîne de valeur touristique marocaine (hôteliers, agents de voyages, transporteurs touristiques, investisseurs touristiques, loueurs de voitures, etc.) membres de leur fédérations professionnelles respectives, qui souhaite apporter, à travers la mise en commun des meilleures pratiques internationales, une nouvelle énergie et une nouvelle manière d’aborder la gestion du tourisme au Maroc. Ce collectif s’inscrit dans l’accompagnement de la profonde mutation que subit l’industrie touristique mondiale, tant vis-à-vis de la pandémie de COVID-19 que par la forte transformation digitale. Dans ce sens, une revue de la gouvernance du secteur s’impose et le collectif se met à disposition des autorités et des organisations professionnelles pour y apporter sa contribution.

Membres fondateurs :

Cherif Alami Aziz, Voyagiste

El Fassi Habib, Voyagiste

Lahlou Aboubakr, Hôtelier

Rouissi Mehdi, Voyagiste

Sefrioui Rizlaine, Hôtelière

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