Le taux de chômage au Maroc a reculé de 0,4 point entre les premiers trimestres de 2024 et de 2025, passant de 13,7% à 13,3%, ressort-il de la récente note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP) relative à la situation du marché du travail. Après une perte de 157.000 postes d4emplois en 2023, l’économie nationale a généré en 2024 82.000 emplois, résultant d’une création nette de 162.000 emplois en milieu urbain et d’une perte de 80.000 dans le monde rural.
La situation de l’emploi dans le Maroc des campagnes mérite une véritable réflexion. Les cycles de sécheresse, le stress hydrique, le développement de la mécanisation ou l’aide sociale directe de 500 DH par mois ne suffisent pas pour expliquer l’inemploi. Ce phénomène cache probablement une réalité complexe liée certainement au changement de l’état d’esprit des jeunes ruraux et de elurs aspirations qui ne sont pas forcèment celles de leurs parents ou grands-parents. Demandez à n’importe quel agriculteur, qu’il soit petit ou grand, et il vous dira qu’il a le plus grand mal du monde pour dénicher de la main-d’œuvre lors des périodes de labour ou de récolte. Et quand il en trouve, l’ouvrier agricole demande plus que le minimum légal journalier (SMAG) valorisé à 93 DH à partir du 1er avril 2025.

Les jeunes ruraux ont d’autres aspirations…
Sans compter ses frais de bouche, petit déjeuner et déjeuner, que l’employeur doit prendre en charge. Autrement dit, l’activité existe mais ce sont les bras qui font défaut. Il va sans dire que les conditions de vie de la jeunesse rurale ont connu une certaine amélioration, à la faveur des efforts des pouvoirs publics en matière d’électrification, d’accès à l’eau potable et de développement de l’infrastructure routière. Mais cette amélioration reste insuffisante, s’accompagnant pour les ruraux de difficultés d’accès à la formation et à d’autres commodités dont bénéficient les jeunes citadins. Et puis, les frontières entre espace rural et milieu urbain sont en perpétuelle recomposition, devenant floues, notamment à la faveur de l’extension de l’urbanisation et des zones périurbaines.
Nous sommes sans doute face à une lame de fond qui préfigure, au-delà de l’exode rural et ses conséquences, une mutation sociologique profonde des territoires ruraux au Maroc. Les jeunes ruraux sont attirés par les lumières de la ville et ceux qui finissent leur scolarité ne reviennent pas généralement au bled pour cultiver la terre de leurs parents. La campagne de nos grands-parents est révolue. Une nouvelle réalité est en train d’émerger avec la nouvelle génération rurale qui comme la citadine est connectée et donc plus ambitieuse. D’où la nécessité pour les gouvernants de regarder le fait rural et ses acteurs avec de nouvelles lunettes. En agissant pour accélérer le désenclavement du monde rural et ancrer ses espaces dans la modernité. Avec tout ce que cela suppose comme commodités et activités génératrices de revenus. Pas forcément à caractère agricole…
A.C