La série « Fath Al Andalus », diffusée pendant ce Ramadan sur la chaîne Al Oula a fait des vagues qui ont a atteint le Parlement. Le groupe socialiste à la Chambre des représentants a même adressé une question écrite à Mohamed Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, concernant cette série et les critiques qu’elle suscite sur la manière dont des faits historiques sont relatés dans ce téléfilm. Le parlementaire USFP Moulay El Mehdi El Fatmi a en effet demandé au ministre de la Culture de l’éclairer sur « les mesures que le ministère prendra afin de préserver et de perpétuer l’histoire [officielle, Ndlr] du Maroc à l’abri de toutes les contrevérités, du plagiat et de la falsification des faits historiques et du passé glorieux du Maroc en Andalousie, selon ses termes. Le député a en outre estimé que la série « La conquête de l’Andalousie, réalisée par [le Koweitien] Mohamed Al Anzi et acquise par la chaîne Al Oula avec de l’argent public, ignore l’importance de l’héritage marocain, et la vérité historique du héros, ne met à contribution qu’un seul acteur marocain et ne donne pas de détails sur la personne amazigh de Tariq Ibn Ziyad ». Et d’ajouter que cette série a été en plus « produite hors du Maroc sans la participation des Marocains à l’écriture du scénario et sans consulter les historiens pour vérifier les données historiques ».
Cette série est « bourrée de contrevérités et comporte dans plusieurs de ses épisodes une falsification de tout ce qui est convenu par des sources historiques fiables » juge El Fatmi qui a affirmé que « l’événement de la conquête de l’Andalousie est un événement historique par excellence », soulignant que « la conquête s’est déroulée à travers le Nord du Maroc et avec des armées nord-africaines, principalement marocaines, et la langue de Tariq Ibn Ziyad et sa culture berbère marocaine avec ses prolongements régionaux, lui et ses soldats. » Et de conclure que « la série occulte presque tout cela et fait du Maghreb juste une route géographique pour les armées omeyyades du Levant, et des Marocains des figurants sous l’autorité de personnalités levantines (syriennes), alors que notre histoire enregistrée est à l’opposé de tout ça. » Par ailleurs et dans le même ordre d’idée, les internautes marocains et algériens se disputent l’origine du général Tariq Ibn Ziyad, personnage central de ce feuilleton également diffusé sur des chaînes de télévision au Koweït, en Arabie saoudite, aux Émirats et au Qatar. Raison de la dispute : Dès le premier épisode, Tariq Ibn Ziyad est présenté comme un homme issu d’une contrée du Maroc actuel. « Malheureusement, après avoir suivi le premier épisode, on constate que l’origine algérienne de Tarik a été occultée, alors que toutes les sources le présentent comme ayant des origines algériennes », regrette le chercheur algérien Smail Benyoub dans les colonnes du site d’infos TSA. Pour l’Algérie, Ibn Ziyad, comme le couscous, est Algérien issu de la tribu berbère des Zenata. Face à la polémique, le réalisateur Mohamed Al Anzi a réagi : «Il est inutile de tenter de réduire des dirigeants musulmans de la trempe de Tariq Ibn Ziyad à des territoires tracés par les accords de Sykes-Picot. Tariq et les autres de nos dirigeants sont un héritage de la nation des 1,5 milliard de musulmans et non d’un État ou d’un territoire ». Il a toutefois reconnu que le feuilleton est « loin des lignes rouges ». Par ailleurs, une plainte a été déposée, lundi 11 avril, par un Marocain de Nador contre ce film. A l’issue d’une première audience, tenue mercredi 13 avril, le tribunal de première instance de Rabat a reporté le dossier au 20 avril. Un autre feuilleton en vue ?