Chronique d’une dépendance mortelle programmée

Un danger réel pour la santé des jeunes.

Jamais à court d’imagination quand il s’agit d’augmenter ses profits, l’industrie du tabac vise désormais les enfants, les ados et les jeunes à grand renfort de publicité.

La cigarette électronique représente une menace mortelle pour les nouvelles générations. Un adolescent marocain scolarisé sur huit utilise, ou a déjà utilisé, la cigarette électronique, les garçons quatre fois plus que les filles. L’initiation commence très tôt, avant même l’âge de 10 ans, mais débute en général pour la majorité des ados à partir de 14 ans. Les efforts pour réduire l’usage du tabac commencent à porter leurs fruits avec une baisse de la prévalence des élèves fumeurs d’environ le tiers en l’espace d’une décennie, mais cette baisse est malheureusement compromise par l’arrivée de la cigarette électronique. A cause de leurs arômes fruités, leurs couleurs juvéniles, leur accessibilité souvent facile, et une stratégie publicitaire féroce de l’industrie du tabac, ces nouveaux produits piègent de plus en plus les enfants, les adolescents, les jeunes et les femmes dans une spirale de dépendance meurtrière. A travers les médias sociaux et les plateformes de streaming, prisés par les jeunes, l’industrie du tabac s’est lancée dans de nouvelles stratégies publicitaires, pour vendre à grande échelle une dépendance mortelle. Elle compte ainsi recruter parmi les enfants, les ados et les jeunes, de quoi remplacer ses « clients » perdus: des millions de morts chaque année à cause du tabac, et des dizaines de millions qui arrêtent de fumer. La dépendance créée depuis le jeune âge assurerait aussi une fidélisation à long terme de « la clientèle ».
La cigarette électronique constitue pour l’industrie du tabac, le nouveau cheval de bataille (dépendance et force de vente), et cheval de Troie (initiation aux autres formes de tabac).

La cigarette électronique: des dangers réels et non des E-dangers

L’OMS et les experts  estiment que les nouveaux produits du tabac, dont les cigarettes électroniques et le tabac chauffé, sont aussi nocifs que les produits classiques.
Les études ont montré que la cigarette électronique, comme celle classique, cause des maladies comme les cancers, les maladies respiratoires, les maladies cardiovasculaires, la dépression, l’anxiété, les infections … et impacte la santé de la femme enceinte et de son fœtus. Chez les enfants, elle affecte également le cerveau, qui est toujours en développement jusqu’ à l’âge de 25 ans, et influe sur l’apprentissage. L’usage de la cigarette électronique crée la dépendance, et multiplie, presque par trois, le risque de l’initiation à la cigarette classique.
Pour les groupes des adultes non-fumeurs, des enfants et adolescents, et femmes enceintes, la cigarette électronique est indéniablement un danger pour la santé et un risque de dépendance mortelle. Quant aux adultes déjà fumeurs du tabac, les études n’ont pas montré à ce jour ni l’utilité pour le sevrage tabagique, ni que les dangers sont moindres pour la santé. L’OMS considère que la cigarette électronique ne doit pas être promue comme une aide au sevrage.

Enfants, adolescents, et jeunes marocains: cigarette électronique, tabac, chicha, cannabis…

L’enquête MedSPAD-IV Maroc  2021 a montré que l’usage des substances psychoactives par les adolescents de 15-17 ans concerne une population de  12,5% pour la cigarette électronique, chicha 11,4%, le tabac 11,1%, les tranquillisants ou sédatifs sans prescription médicale 8,5%, l’alcool 7,2%, le cannabis 5,8%, l’ecstasy 2,5%, la cocaïne 1,6%, et 0,9% pour l’héroïne. Durant les 12 mois ayant précédé les enquêtes, la prévalence de l’usage du tabac chez les ados a baissé de 9,3% à 6,5% entre 2009 et 2021. En revanche, pour les mêmes mesures, l’usage des tranquillisants ou sédatifs sans prescription médicale a presque triplé, passant de 2,2% en 2009 à 6% en 2021, les filles  plus que les garçons.
L’entrée en lice de la cigarette électronique a détrôné toutes les autres substances addictives. Elle menace la vie, la santé et le bien être socioéconomique des générations futures. En chiffres, 12.5% des adolescents (soit un sur 8) utilisent ou ont déjà utilisé la cigarette électronique, dont 21,1% chez les garçons et 5,2% chez les filles (un garçon sur cinq et une fille sur 20). Les garçons quatre fois plus que les filles. L’enquête a montré que l’expérimentation ou l’initiation à la cigarette électronique débute  chez les élèves consommateurs avant l’âge de 10 ans pour 7,7% d’entre eux, entre 10 et 12 ans pour 9.6% (soit un consommateur sur 10), entre 13 et 14 ans pour 23.4% (soit le quart) et chez les 15 ans et plus pour 60% (soit 3 consommateurs sur 5). Pour la majorité des adolescents consommateurs de la cigarette électronique, cette initiation commence généralement après l’âge de 14 ans. Les taux d’usage du tabac et de la cigarette électronique parmi les élèves marocains restent inférieurs à ceux des pays de l’Afrique du nord inclus dans les études et beaucoup plus inférieurs à ceux des pays européens de la rive nord de la méditerranée. Ceci devrait susciter de la vigilance et de l’action pour infléchir les tendances.
L’industrie du tabac  est responsable des dommages causés par ses stratégies délibérées L’ennemi à dénoncer, au vu de toutes les données, est clairement cette industrie qui monte délibérément – à des fins purement commerciales – une dépendance meurtrière chez les jeunes, et les générations à venir. Protéger les enfants et les générations futures contre ces manipulations, continuer le combat contre le tabac pour réduire encore plus sa consommation, nécessite un engagement de toutes les parties : gouvernements, législateurs, ONG, parents et jeunes. Si, pour l’histoire du tabac, les études n’ont montré sa toxicité qu’à partir de 1950, alors que son utilisation avait commencé des siècles avant; cette fois, pour la cigarette électronique, nous savons ce qui nous attend, ce qui attend nos enfants et les générations futures. L’industrie du tabac est responsable des dommages que ses stratégies engendrent. Le silence serait une complicité mortelle.

Principales données sur le tabac


· Le tabac tue environ une personne sur deux qui n’arrête pas de fumer.
· Le tabac fait près de 8,3 millions de morts chaque année, dont environ 1,3 million de non-fumeurs qui sont involontairement exposés à la fumée du tabac (appelés fumeurs passifs).
· En 2020, 22,3 % de la population mondiale consommait du tabac : 36,7 % (hommes) et 7,8% (femmes).
· Baisse de consommation, mais encore insuffisante : Environ 1 adulte sur 5 dans le monde consomme du tabac en 2022, contre 1 sur 3 en 2000.
· Une diminution de la prévalence tabagique deux fois plus forte grâce à la fiscalité
· 90% de tous les cancers du poumon sont attribuables au tabagisme.
· Près de la moitié des décès causés par le tabac sont dus à des maladies cardio-vasculaires, le quart à des cancers du poumon.
· Les fumeurs meurent en moyenne 8 ans avant les non-fumeurs.
· Une vingtaine de cancers sont liés au tabac.
· Association tabac et pilule : multiplie par 20 le risque cardiovasculaire.
· Cause 21 maladies chroniques.

Le tabac est une cause majeure de décès, de maladie et d’appauvrissement.

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