Pas besoin de se lancer dans analyses politiques savantes pour saisir le principal moteur de l’interview-fleuve accordé par le président algérien au quotidien français « L’Opinion» du 2 février : la volonté d’apaisement et de desserrement de l’étau qui se referme inexorablement sur le régime militaire algérien. Dans cet entretien où n’émerge aucune idée intéressante ou perspective d’avenir, Abdelmadjid Tebboune donne, comme il sait le faire à chaque fois qu’il ouvre la bouche, la pleine mesure de son inconsistance. Ces propos ressemblent à des éructation sur fond d’une tentative désespérée de faire passer un régime aux abois qui sent la « bacharisation » à plein nez pour un État qui tient son destin en main et dicte ses conditions. Toute honte bue, Tebboune fait les yeux doux à la France d’Emmanuel qui a décidé de manier le langage de la fermeté avec un régime des caporaux qui aggrave de jour en jour son isolement régional, continental et international. A force de bravades qui respirent l’inculture et de postures diplomatiques inconséquentes, l’Algérie a perdu ses alliés qui comptent et les derniers soutiens de sa créature de Tindouf.
Shangriha et sa « Issaba » ont gagné les galons de régime infréquentable. « Plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », fulmine le factotum d’El Mouradia après avoir fait toutefois l’éloge d’« une feuille de route ambitieuse », élaborée dans la foulée de la visite à Alger d’Emmanuel Macron en août 2022 et, peu après celle de la Première ministre Élisabeth Borne avec une partie de son gouvernement. « Pour moi, la République française, c’est d’abord son président. Il y a des intellectuels et des hommes politiques que nous respectons en France, comme Jean-Pierre Chevènement, Jean-Pierre Raffarin, Ségolène Royal et Dominique de Villepin, qui ont bonne presse dans tout le monde arabe, parce qu’il représente une certaine France qui avait son poids », lâche-t-il. Sur le dossier du Sahara dont Paris a reconnu la marocanité et qui est à l’origine de l’affolement du régime algérien, il dit avoir « prévenu le président Macron » en lui disant avoir commis « une grave erreur ». Une grave erreur.