L’évènement incontournable, le must event comme disent les anglo-saxons, du début de cette semaine c’est la 3ème édition de Gitex Morocco Africa qui s’est déroulée à Marrakech du 14 au 16 avril 2025. Ce grand raout technologique, qui a englouti la bagatelle de 50 millions de DH rien qu’en chapiteaux, a suscité un engouement monstre chez les élites nationales, économiques et gouvernementales, qui mettent à un point d’honneur d’y débarquer de manière ostentatoire. Reste à connaître les véritables ressorts de cet emballement extraordinaire : la volonté des dirigeants marocains de saisir les opportunités high tech offertes par ce salon mondialisé de l’innovation et des startup ou le désir de jouer les m’as-tu-vu, surtout lors de la cérémonie d’ouverture…
Mais les questions essentielles restent sans réponses : quid des bilans des deux éditions précédentes ? Ont-ils réellement contribué à poser les jalons de l’économie numérique nationale ? Des startups locales ont-elles séduit des investisseurs internationaux ? Rien de tout cela n’a fait l’objet de la moindre communication de la part du maître de céans, en l’occurrence la très discrète agence de développement du digital ( ADD). Une enseigne qui s’est fait connaître plus par son appel d’offres contesté à 120 millions DH pour l’organisation de Gitex 2025 remporté par une société nouvellement créée que par le dynamisme de ses responsables dans l’évolution technologique du pays et l’amélioration de ses infrastructures numériques, déstabilisées d’ailleurs par des cyberattaques en série d’une ampleur sans précédent revendiquées par des hackers algériens.
L’ambition des promoteurs de ce salon doit aller au-delà d’une simple plateforme marocaine de prestige servant de connexion de l’écosystème technologique africain pour le transformer en véritables opportunités pour les startup nationales. Or, celles-ci ont décroché en 2024 une levée de fonds de 82 millions de dollars seulement, plaçant le Maroc à la 6ème place à l’échelle continentale, derrière le Nigeria, l’Afrique du sud, l’Egypte, le Kenya et le Ghana. Remonter dans le classement ne mérite-t-il pas de figurer comme objectif prioritaire dans l’action du ministère de la Transition numérique?
Par Abdellah Chankou