Le Parlement européen sort la machine à ternir

L’ex-euro député italien Antonio Panzeri accusé d’avoir reçu des cadeaux de Abderrahim Atmoun…

A quelques jours de la finale de la Coupe du monde, le Qatar et  le Maroc ont été mis en cause dans des affaires de corruption présumée d’anciens eurodéputés. Une coïncidence ?

Alors que les regards du monde entier étaient tournés vers le Qatar où se déroulait la meilleure coupe du monde jamais organisée,  la justice de l’Union européenne  européen était affairée à concocter un drôle de jeu aux motivations obscures: la mise en cause du Qatar dans une supposée affaire de corruption où serait impliquée un groupe d’eurodéputés dont  l’ancienne vice-présidente de l’assemblée, la Grecque Eva Kaili. Celle-ci est soupçonnée d’avoir perçue des pots-de-vin  de la part  du Qatar pour défendre les intérêts du riche émirat gazier. Rien que ça.

Coupable

L’affaire, soigneusement fuitée dans certains titres de presse européenne, n’a pas eu le retentissement espéré, amoindrie par les immenses cris de bonheur de la planète foot. Fait intéressant à relever, le Qatar n’est pas le seul pays à obtenir les honneurs des rabat-joie de l’institution européenne. Le Maroc aussi à travers l’ambassadeur du Royaume Abderrahim Atmoun en Pologne  a été également épinglé. Le corrompu présumé dans le volet marocain est tout trouvé : l’Italien Pier Antonio Panzeri issu du groupe européen Socialistes et démocrates. Comme Eva Kaili, il est aussi un ex du Parlement européen. Les deux accusés ont été arrêtés. Il est reproché à M. Antonio Panzeri d’avoir reçu des présents du diplomate marocain. Dans son édition du jeudi 16 décembre, le quotidien le Monde indique qu’ «un mandat d’arrêt transmis à la justice italienne fait mention de transport  par la femme et la fille de Panzeri de cadeaux en provenance du Maroc fournis par l’actuel ambassadeur marocain en Pologne ». Sans préciser la nature des présents. Des coffrets d’huile d’argan ou de figue de barbarie, du très délicieux amlou d’Agadir  ou  du fameux safran de Taliouine? Visiblement, les investigations sont toujours en cours… ! En attendant, la femme de l’ex-eurodéputé italien, Maria Colleoni et sa fille, Silvia Panzeri, «ont été placées aux arrêts domiciliaires en Italie». Le Monde nous apprend mieux: la perquisition des résidences de la famille Panzeri dans la région de Bergame pour trouver l’arme du crime : les pots des produits du très cher terroir marocain ! Le Maroc se serait appuyé sur  l’ex-élu italien, du temps où il était membre de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb lors de son deuxième et dernier mandat, entre 2014 et 2019,  pour réduire le soutien apporté par les institutions européennes au Front Polisario. En gros, Pier Antonio Panzeri  est jugé coupable pour avoir défendu une cause juste, celle d’un Maroc intégré dans son Sahara, un Maroc considéré comme son principal partenaire par l’Union européenne mais qui agit, via certaines de ses institutions à l’image de  la Cour européenne de justice qui avait  annulé les accords agricoles et halieutiques  signés entre l’UE et le Maroc, comme un soutien fort des séparatistes et un opposant farouche à l’intégrité territoriale du Royaume. En quelque sorte, l’ex-eurodéputé a tout de la victime expiatoire de cette  ambivalence qui nuit gravement au partenariat privilégié entre les deux parties. Le Qatar et le Maroc sont à l’honneur donc au Parlement européen! Deux pays qui ont ravi les sunlights internationales, l’un pour son organisation parfaite de la Coupe du monde qui lui a valu bien des coups bas et l’autre pour avoir fait l’événement en étant le premier  pays arabe et africain à se qualifier aux demi-finales. La coïncidence est troublante. On voudrait écorner l’image de ces deux pays que l’on ne s’y prendrait pas autrement en instrumentalisant à leurs corps défendant deux anciens députés européens dans une affaire cousue de fil blanc. « Le Qatar est puni pour avoir organisé la coupe du monde avec ses propres valeurs de pays musulman et le Maroc a été mis à l’index pour  l’ensemble de son œuvre  politico-diplomatique», explique un fin connaisseur des relations maroco-européennes. «L’émancipation du Maroc et la stratégie de diversification de ses partenariats ainsi que la reconnaissance  américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara et la normalisation de ses relations avec l’État hébreu sont restés en travers de la gorge de plus d’un au sein de l’UE », renchérit un ancien diplomate qui estime que la mise en cause du Maroc dans le cadre du Parlement européen s’inscrit  dans la continuité de la fameuse affaire Pegasus où Rabat a été  accusé d’écoutes illégales.

Doha d’honneur

Se disant secoué par le « Qatargate », le Parlement européen a exprimé sa volonté de limiter l’influence qatarie dans l’hémicycle. Les eurodéputés ont voté à la quasi-unanimité jeudi 15 décembre  à Strasbourg un texte dans lequel ils demandent « instamment la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qatariens » ainsi que « tous les travaux sur les dossiers législatifs relatifs au Qatar ». Les restrictions votées par les eurodéputées seraient également élargies aux visas délivrés à l’émirat et à  la libéralisation du ciel entre l’Europe et le Qatar. Ce paquet de sanctions, adopté avant même que la justice ne se prononce sur cette obscure affaire qui dégage les relents de représailles en relation avec le Mondial organisé par le Qatar, a poussé Doha, contrairement à Rabat,  à réagir  tout en disant regretter « des jugements fondés sur les informations inexactes révélées par des fuites sans attendre la conclusion de l’enquête ». Doha a mis en garde contre « un impact négatif sur la coopération régionale et mondiale en matière de sécurité, ainsi que sur les discussions en cours sur la rareté et la sécurité énergétiques mondiales ». Il y a de l’eau dans le gaz. Et un Doha d’honneur dans l’air.  

Aziz Akhannouch diffamé par José Bové

Tous les moyens sont bons pour salir le Maroc, y compris le recours à des histoires farfelues déjà ressassées. Dans la foulée des accusations proférées à l’encontre de l’ambassadeur du Maroc en Pologne Abderrahim Atmoun,  c’est encore  un ancien eurodéputé, le Français José Bové, que l’on sort du frigo pour resservir son plat très peu ragoûtant sur les ondes de Radio France Inter : Du temps où était rapporteur de la commission du commerce extérieur, « dans les années 2009-2014», il se serait opposé, selon ses dires, à un accord « nuisible » de libre-échange sur le commerce des fruits et légumes entre l’Union européenne et le Royaume.  

« Le ministre de l’Agriculture de l’époque [Aziz Akhannouch] ne supportant pas que je puisse m’opposer à ce projet, m’a proposé de m’amener un cadeau à Montpellier, dans un café qui soit discret », a-t-il dit. Etait-ce de l’argent ? « Qu’est-ce que voulez que ce soit d’autre ? », a-t-il répondu au journaliste. Selon son récit invraisemblable, il a donné l’adresse du cabinet de son avocate, et « ça s’est arrêté-là ».

L’histoire racontée par Bové n’a pas eu l’adhésion de Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, invité de France Inter. «S’il a des témoins, il lui appartient de le dénoncer et peut-être pas uniquement à la radio», a-t-il déclaré.

La réaction de Aziz Akhannouch ne s’est pas fait attendre : une plainte en diffamation a été déposée  mardi 20 décembre, à Paris contre l’ancien député européen écologiste français José Bové.

Ces propos diffamatoires, publiés pour la première fois dans l’hebdomadaire français  l’OBS, ont déjà valu à leur auteur une condamnation par le tribunal de grande instance de Paris en octobre 2018.   Pour l’avocat de la défense, Maître Olivier Baratelli, José Bové  a cherché à surfer sur l’affaire mystérieuse  qui ébranle le Parlement européen pour récidiver.

« José Bové essaye visiblement et malhonnêtement de profiter de l’actualité judiciaire concernant le Parlement européen, pour ressortir de vieilles histoires sans fondement », a-t-il expliqué. Celui qui a fait de la prison pour avoir saccagé en 1999 un restaurant Macdo à Millau dans l’Aveyron a des attitudes qui laissent mensongeur!

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