Abderrahmane Saaidi nous a quitté dans la nuit du lundi au mardi 12 mai. Souffrant depuis quelque temps d’une maladie chronique, le défunt était une figure politique de proue des années 90 dont le nom est lié aux privatisations dont il géra le ministère entre 1993 et 1998. C’est sous son mandat que l’État transféra de nombreuses entreprises publiques au secteur privé. Esprit brillant, self made man, ce natif de Rabat en novembre 1946 n’est pas né avec une cuiller d’argent dans la bouche. Issu d’un milieu modeste, Il a dû trimer dur pour réussir et sortir du lot.
Excellent fiscaliste doublé d’un financier de haut vol, il était d’un conseil précieux pour les entreprises qui s’attachaient les services de son cabinet d’expertise comptable situé à Casablanca qui devient une référence surtout dans le domaine fiscal. Après son départ du gouvernement, il fait un bref passage comme directeur général de la SAMIR. Comme il est un grand amateur l’art notamment plastique, il fonda à Casablanca l’enseigne Memoarts, une galerie d’Art à laquelle il consacra le restant de sa vie. Il dirigera dans ce cadre le centre du management de l’art « Man’Art » que l’Institut supérieur du commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) avait créée à en 2010. Titulaire d’une licence en droit des affaires de l’université de Montpellier, puis d’un diplômé en 1973 de l’école supérieure de commerce de la même ville et d’un diplôme français d’expert-comptable en 1976, feu Abderrahmane Saaidi a enseigné en France de 1973 à 1976, puis à l’ISCAE de Casablanca où il a donné, en bon pédagogue, des cours de comptabilité, gestion financière, contrôle de gestion et fiscalité auxquels les étudiants aimaient assister.
Ceux qui l’ont connu et côtoyé se rappelleront toujours d’un homme simple et modeste, d’un naturel charmeur et chaleureux, bon vivant et d’une agréable compagnie. Mais derrière sa bonhomie sincère se profile un personnage fonceur, qui va jusqu’au bout de ses combats et qui ne baisse jamais les bras devant la difficulté. Parmi ces combats mémorables figure celui qu’il a gagné avec panache devant la Cour suprême en sa qualité de ministre de la Privatisation contre l’homme d’affaires feu Miloud Chaâbi, alors député istiqlalien.
En 1996, celui-ci attaque M. Saaidi en justice « pour diffamation par voie de presse ». En fait, le plaignant en voulait à mort au ministre de la Privatisation pour l’avoir empêché d’user de son mandat politique dans une série de délits d’initié flagrants pour racheter la plupart des sociétés d’État proposées à la cession au privé. Que Dieu ait son âme.