Les faux-fuyants de Macron

La France de Macron a du mal à convaincre les autorités marocaines de sa bonne foi…

Lors de la conférence de presse préparatoire de son voyage africain, le président français a fait plus que botter en touche… Décryptage.

Ainsi pour Emmanuel Macron, les accusations du Maroc dans l’affaire Pegasus, les résolutions anti-marocaines votées par le Parlement européen sont le fait de « gens qui essaient de monter en épingle des péripéties (…)»  qui ont été révélés par la presse. Le président français, qui s’exprimait  pour la première fois sur la crise sournoise entre Rabat et Paris,  lors de la conférence  du lundi 27 février, préparatoire de son voyage africain, a fait plus que botter en touche. Il a tenté de se disculper en sa qualité de président par rapport à la détérioration de la relation maroco-française en considérant qu’il « y a, après, toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d’écoute qui ont été révélés par la presse ». Avant de s’interroger faussement sincère : « « Est-ce que c’est le fait du gouvernement de la France? Non! Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non! Il faut avancer malgré ces polémiques », lance-t-il en esquissant  une légère moue. Reste à savoir  vers où? Vers plus de tension diplomatique entre les deux pays ?

C’est insulter l’intelligence politique des responsables marocains que de parler du « gouvernement de la France ». Ces derniers connaissent parfaitement le fonctionnement des institutions françaises de la Ve république. Un régime présidentialiste, voire hyper présidentialiste sous  Macron où le président décide de tout.  Au point que l’Assemblée, avant que la macronie n’y perde la majorité à l’issue des législatives de juin 2022,  était devenue une chambre d’enregistrement des désirs du chef de l’État. Et puis, Stéphane Séjourné, chef du groupe Renew Europe, la troisième force politique  du Parlement européen, est réputé proche d’Emmanuel Macron. En couple avec le ministre de l’Action et des Comptes publics Gabriel Attal, il  a  été non seulement  à la manœuvre dans la confection de la première résolution anti-marocaine mais les députés macronistes (faisant partie de la liste Renaissance) ont tous voté pour alors que les eurodéputés socialistes (le Psoe de Pedro Sanchez, par ailleurs du président du gouvernement espagnol) ont voté contre. Il faut faire preuve d’une niaiserie politique phénoménale pour avaler que l’homme-lige de Macron, dont il représente le camp politique au Parlement de Strasbourg, a agi dans cette séquence de son propre chef… La moindre des choses aurait été l’abstention. Le message est clair. Il a été reçu cinq sur cinq par les hautes autorités  du royaume qui ont mis fin à la mission de l’ambassadeur du Maroc à Paris à compter du 19 janvier, soit le jour de l’adoption du premier texte hostile au Maroc. Réponse du tac-au-tac. La séquence Séjourné et compagnie est  d’autant plus troublante qu’elle intervient après le déplacement de la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna au Maroc les 15-16 décembre à Rabat. Une visite supposée mettre fin aux crispations politiques entre les deux capitales, aplanir les différends, et baliser le terrain pour une visite d’État de Macron au Maroc qui n’aura pas lieu.

Le glissement vers l’hostilité est clair. Jamais la France ne s’est vautrée dans un tel niveau  d’harcèlement envers son allié traditionnel qui l’est de moins en moins. Harcèlement amplifié par l’affaire des restrictions des visas qui a profondément irrité les Marocains, citoyens et responsables. « Ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales», a cru bon d’ajouter Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. Volonté d’apaisement ou faux-fuyant? La réponse marocaine est venue par le truchement du magazine Jeune Afrique qui cite dans un article daté du 1er mars une voix gouvernementale ayant requis l’anonymat: «les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ».

C’est sur un gros échec diplomatique qu’Emmanuel  Macron s’est envolé pour l’Afrique centrale (Gabon, Angola, Congo et RD Congo) pour tenter de vendre aux dirigeants du continent « la nouvelle politique africaine » de la France. La veille de son départ, il prône une autre approche basée sur ‘l’humilité » après l’humiliation que lui ont fait subir certaines ex-colonies comme le Mali et le Burkina Faso qui ont chassé les troupes tricolores.

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