Les professionnels brisent la glace

La formation laisse beaucoup à désirer...

Secteur-clé de l’économie nationale, le bâtiment s’enlise dans la crise, et pas seulement à cause de la baisse drastique de la demande mais aussi en raison des handicaps dont souffrent certains corps de métier nécessaires à son développement comme la miroiterie.

Concurrence déloyale, vitriers à tous les coins de rue et autres pratiques peu transparentes… Le secteur de la miroiterie au Maroc est plombé par l’informel et le peu d’entreprises structurées qui continuent d’exercer voient leurs chiffres d’affaires fortement impactés par cette situation. «Dans certains cas, les prix des prestations proposées sont en dessous du coût de revient du produit lui-même. Ils sont en train de couler le secteur », déplorent certains pionniers du secteur de la miroiterie au Maroc. Pointant du doigt les pratiques déloyales qui sévissent sur le marché depuis plusieurs années, les professionnels, qui refusent de rester de glace devant la détérioration du niveau leur activité, appellent à la réorganisation de leur filière notamment en ces temps difficiles provoqués par la crise sanitaire. « Il faut réglementer le secteur non seulement pour des raisons économiques mais également pour la sécurité des citoyens », estiment-ils. En effet, manier le verre n’est pas aussi simple que boire un café. Le métier demande une formation solide, de la pratique et un respect rigoureux des normes de sécurité.

En effet, si certaines réalisations en verre sont à caractère purement décoratif, d’autres doivent obéir à des règles strictes pour éviter des accidents qui peuvent être mortels. C’est le cas par exemple des « gardes du corps » posés sur les balcons ou les mezzanines de certains commerces. Dans ce domaine, se conformer aux normes est une obligation car il y va de la sécurité des gens qui est tributaire du calibre du verre utilisé et des supports.

Informel

« Malheureusement, les normes de sécurité sont souvent les derniers soucis des mercenaires du secteur qui tirent l’activité vers le bas en cassant les prix » déplorent à l’unisson les professionnels. Comme dans beaucoup d’autres domaines, la problématique de la formation revient comme un leitmotiv dans toutes les déclarations des opérateurs du secteur de la miroiterie. Devant la crise d’une main-d’œuvre qualifiée, les patrons se trouvent dans l’obligation de former eux-mêmes leurs employés. «On recrute des novices et on les forme, on leur apprend le métier pendant 2 ou 3 ans pour qu’ils nous quittent afin de se réfugier dans l’informel qui ravage notre secteur et tue notre activité », assurent-ils.

Dans ce sens, ils déplorent le manque d’initiative de la part de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) pour combler les lacunes de la formation. Certes, l’Office dispose bel et bien de deux formations dédiées à la miroiterie pour répondre aux besoins du secteur. L’une d’entre elles permet de former des Peintres vitrier, amenés à effectuer la peinture d’intérieur et d’extérieur. Et s’occupent également de l’installation de tout dispositif en verre faisant partie de la construction d’un logement (fenêtre, porte, miroirs décoratifs, revêtements muraux etc.)». Mais, à en croire les quelques professionnels qui ont eu affaire aux lauréats de l’OFPPT, «la qualité laisse à désirer » en raison d’une insuffisance de travaux pratiques. «C’est une fois dans les ateliers que leur vraie formation commence et qu’ils apprennent les bons réflexes du métier», confirment nos interlocuteurs en ajoutant que l’OFPPT ne s’est pas adressé aux opérateurs de la filière pour connaître leurs besoins en formation avant de lancer des modules de formation en miroiterie.  Vous avez dit opacité ?

Tout se perd, rien ne se transforme !

Chaque année, des milliers de tonnes de verre sont déversés dans les poubelles pour finir dans les décharges publiques. Selon les spécialistes du secteur, cette matière recyclable à 100 % et à l’infini est sous-exploitée. En effet, si le taux de recyclage dépasse les 80 % dans certains pays comme la France, aucune statistique n’est disponible à ce sujet au Maroc. « Le recyclage du verre n’est pas une affaire simple, il faut que l’État prenne la question au sérieux », font remarquer les professionnels de la verrerie qui estiment qu’il y a un grand manque à gagner dans ce domaine. Pour les écologistes, recycler le verre, c’est réduire considérablement la consommation des ressources naturelles. Le recyclage permet aussi de faire des économies d’énergie. Le calcin (verre recyclé) est chauffé à une température plus basse que les matières premières naturelles utilisées d’habitude. Cela permet d’économiser 40 kg de fuel par tonne de calcin utilisé, estiment les spécialistes. S’ajoute à cela une limitation des émissions de CO2 dans l’atmosphère (1 tonne de calcin utilisée évite l’émission directe de 250 à 300 kg de CO2) ainsi qu’une diminution du nombre de déchets par la création d’un cercle vertueux de déchets solides issus de la récupération d’emballage en verre.

Dernières Actualités
Les plus lus
miraouir
Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur : La migration de nos médecins est un cancer
sajid Mohamed
L’ex-maire de Casablanca rattrapé par la gestion des abattoirs de la ville : Mohamed Sajid abattu
arrdst copie
Véhicules M rouge : Au secours, la gabegie klaxonnante revient ! 
Zarro
Marchica Med devant la justice : Une lagune et des lacunes