L’homme de l’année, l’enfant de Gaza

Abdellah Chankou

Le Canard n’a pas l’habitude de sacrifier à la tradition de l’homme de l’année pour la simple raison qu’il la trouve quelque peu discriminatoire. Mais cette fois, le volatile a décidé de déroger à la règle, sachant que son choix ne sera certainement pas contesté, pour accorder cet honneur à celui qui a marqué le plus l’actualité internationale et bouleversé comme jamais l’humanité entière par les images de l’horreur indicible qui ont fait irruption dans la vie de tous, mais aussi par la puissance de sa foi et la force de sa résistance face à la barbarie. A l’innommable : L’homme palestinien. Et plus particulièrement les martyrs de Gaza. Ces milliers d’anonymes broyés par la machine de guerre sioniste dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Bébés et enfants. Femmes et fillettes. Jeunes et moins jeunes. Hommes et vieillards. Massacrés et « génocidés». Mutilés et brûlés vifs. Déplacés de force et persécutés. Sans compter des dizaines de journalistes et de soignants tués délibérément. Que de destins brisés dans le fracas des bombes, lâchés depuis le 7 octobre 2023 jour et nuit au-dessus de leur têtes par des criminels sionistes désinhibés. Croyez-vous que les  bombardements meurtriers se sont arrêtés ? Non, ils se poursuivent jusqu’à ce jour dans le nord de Gaza, où le dernier hôpital encore en fonction a été complètement détruit. Les tourments des habitants qui manquent de tout surtout du sentiment de sécurité sont décuplés à cause de la vague de froid qui frappe en cette fin d’année l’enclave en ruines. Les exactions des sicaires de Netanyahou continuent à être commises. Dans le désintérêt des médias qui ont trouvé un sujet plus vendeur avec la Syrie et la chute de Al Assad. La banalisation du génocide du peuple palestinien! Un carnage sans précédent dans l’histoire contemporaine des conflits, qui a fait plus de 44.000 morts et plus de 105.000 blessés.

Sans compter les survivants précarisés, la destruction des habitations et autres édifices, les hôpitaux saccagés les coupures permanentes d’eau et d’électricité, l’entrave à la délivrance d’aide humanitaire, la famine, et toutes les autres formes d’humiliation et d’arbitraire. Peuplant la Toile, les images des survivants constamment en sursis à cause des bombardements incessants sont insoutenables. Ceux qui sont en vie sont handicapés et traumatisés à jamais… Petits corps mutilés, ensanglantés, amputés… Leurs cris de détresse, leurs visages apeurés… Chargé d’un désarroi indescriptible, le regard des enfants gazaouis, nous renvoyant en boomerang la lâcheté du monde et de ses dirigeants, hantera à jamais les consciences. 


Si l’heure est très sombre sur le terrain pour les Gazaouis, la vérité sur la cause palestinienne devient subitement claire dans les esprits. Pour la première fois, la rue occidentale, tenue jusqu’ici dans la méconnaissance des tenants et aboutissants de ce dossier par la manipulation médiatique, a interagi avec le martyr palestinien.

Que de questionnements déchirants comme des coups d’épée  dans les yeux de cette enfance  massacrée, livrée aux pires traitements! «Pourquoi n’avez-vous rien fait pour nous sauver, pourquoi les avez-vous laissé nous exterminer, tuer nos parents, nos frères et sœurs, détruire nos maisons et nos écoles? Nous ne sommes pas des êtres humains comme vous? Nous ne méritons pas de vivre comme vos enfants ?»… Malgré le châtiment que les barbares colonisateurs leur font subir sur leur propre terre, les Gazaouis gardent la foi, rendent grâce à Dieu, heureux de mourir en martyrs. Pour que la Palestine résiste, ne meurt jamais… Comment ne pas admirer ce peuple stoïque  qui ne craint pas la mort ?  

Dans son supplice infernal perpétré au mépris de toutes les lois internationales et humanitaires, l’être de Gaza n’était pas seulement aux prises avec l’aviation meurtrière de l’ennemi sioniste. L’Occident, les États-Unis en tête, lui a également déclaré la guerre via des livraisons d’armes tout en lui accordant dans une inversion flagrante des valeurs le droit de massacrer la victime au nom de « la légitime défense » ! Les puissances complices et leur protégé sanguinaire, servis par une propagande médiatique indigne, ont assumé sans le moindre état d’âme le fait de se liguer contre une population de civils, innocents et sans défense. Insensibles à son extrême détresse, les forces du mal, jusqu’ici dissimulées derrière le masque des idéaux de liberté et des droits de l’homme, ont choisi clairement le camp de l’injustice. Celui de l’oppresseur génocidaire, déniant à la victime, opprimée et spoliée de sa terre et de son humanité, le droit de se défendre, de vivre en paix, dans la liberté et la dignité.

Les États-Unis de Biden, la France de Macron et l’Allemagne se sont montrés tout de même un brin magnanimes et justes : Ils ont reconnu à la population gazaouie le droit de mourir sous les bombes, sans réagir ! Si l’heure est très sombre sur le terrain pour les Gazaouis, la vérité sur la cause palestinienne devient subitement claire dans les esprits. Pour la première fois, la rue occidentale, tenue jusqu’ici dans la méconnaissance des tenants et aboutissants de ce dossier par la manipulation médiatique, a interagi avec le martyr palestinien dans une mobilisation extraordinaire qui a touché de nombreuses universités dans le monde. De Madrid à Paris en passant par Londres, Copenhague, Genève, Berlin, Ottawa, Washington, New York et bien d’autres villes, les citoyens ont dénoncé d’une seule voix les atrocités de l’occupation israélienne et réclamé leur arrêt immédiat tout en traitant leurs dirigeants, otages du sionisme barbare, d’assassins aux cris de  » shame on you  » ( honte à vous ) et  » free Palestine  » ( la Palestine libre ). Les Palestiniens ont gagné largement la bataille de l’image et de la communication, soutenue par un large mouvement de solidarité mondiale qui s’est exprimé au-delà de la sphère arabo-musulmane. On a assisté pour la première fois à un retournement spectaculaire de l’opinion publique occidentale. Un allié de poids dans leur lutte pour la liberté, qui représente le creuset des leaders politiques de demain. Les jours du sionisme barbare sont comptés.

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