La majorité des consommateurs marocains sont très peu conscients des produits qu’ils mettent dans leur chariot de supermarché. Yuka, une application gratuite, permet de connaître en un clin d’œil leurs qualités et défauts grâce au scannage des codes à barre des produits alimentaires.
Les supermarchés marocains regorgent d’une pléthore de produits alimentaires transformés. Dans les rayons, l’offre est tellement riche que l’on ne sait pas lequel mettre dans son panier. A défaut d’être un spécialiste capable de déchiffrer ce qui se cache derrière les sigles souvent barbares des additifs et de disposer des clés de décryptage de leur composition qui impacte nécessairement la santé, le consommateur, choisit ses victuailles en fonction de leur notoriété acquise essentiellement grâce au matraquage publicitaire. Depuis quelque temps, il est possible d’avoir instantanément une idée claire sur le degré de qualité des différentes denrées grâce à une application mobile du nom de Yuka qui commence à faire son chemin au Maroc auprès d’un public avisé qui veut soigner sa ligne et ménager sa santé. Téléchargeable gratuitement sur Android ou iPhone, plus facile d’utilisation que ses concurrents, cet outil qui a comme mascotte une carotte, lancé en 2017 par trois trentenaires français, a conquis près de 10 millions de consommateurs dans l’hexagone qui scannent les codes à barre des produits alimentaires qu’ils consomment au quotidien en vue d’obtenir un avis sur leur composition avec une note sur une échelle de 0 à 100, accompagné d’un code couleur explicite (vert foncé, vert clair, orange et rouge). Couleurs qui indiquent si le produit passé au scanner est excellent, bon, médiocre ou mauvais, donc bon à acheter ou à oublier.
Beauté du packaging
Basée sur un algorithme, la notation prend en considération trois critères que sont les éléments nutritionnels du produit scanné : Primo, les calories (qui agissent sur le poids, les teneurs en protéines qui renseignent sur la qualité nutritive et les graisses saturées à réduire pour prévenir les maladies cardiovasculaires) ou encore les fibres, le sucre ou le sel considérés comme mauvais pour la santé, 60% de la notation). Secundo, la présence ou non d’additifs dont certains sont suspectés d’être cancérogènes (30% de la note) ; et enfin le mode de production de l’aliment, s’il s’agit d’un produit issu de l’agriculture biologique ou non (10% de la note). Yuka est même en mesure de proposer des produits de substitution quand la couleur vire au rouge. Avec cette appli intelligente qui évalue aussi les cosmétiques et les produits d’hygiène, il n’est plus possible de faire ses emplettes de manière presque inconsciente en se laissant souvent séduire par la beauté du packaging. Justement la beauté du packaging, qui fonctionne souvent comme un guet-apens, cache bien des (mauvaises) surprises. Le scannage du code à barre de tel ou tel produit révèle en effet une multitude de mauvaises habitudes alimentaires courantes. Certains produits que le commun des consommateurs achète les yeux fermés, tellement il est convaincu par sa qualité nutritionnelle, ressortent néfastes pour la santé et donc à éviter. C’est le cas par exemple du Fromage Kiri, que son fabriquant vante à grands renfort de publicité en ciblant particulièrement les enfants, décroche une note très peu flatteuse de 35 sur 100 à cause de sa teneur importante en graisses saturées et en sel (pour évaluer ce produit : https://app.yuka.io/zq9gmPdHUoo8mgDC8).
Les portions de fromage light de la Vache qui rit sont également jugés comme un très mauvais allié santé : 4 sur 100 à cause de la présence d’additifs à éviter » et du taux élevé de graisses saturées et du sel. Le fromage à tartiner Philadelphia est noté 39 sur 100, handicapé par sa haute teneur en graisses saturées et la présence de quelques additifs à éviter. Autre fromage à tartiner peu recommandé ? Le fromage Jebli dont Yuka a détecté « 4 additifs à éviter » et d’autres inconvénients : trop calorique, trop gras et un peu trop salé. Les fameux Pringles croustillants, jugés soit médiocres soit mauvais en fonction de leur saveur, sont bourrés d’additifs, trop salés et trop caloriques. Le Ketchup n’obtient pas la moyenne, 45 sur 100 en raison de la présence de deux additifs « à éviter » que l’on ne retrouve pas dans la marque concurrente Lesieur qui présente en revanche le défaut d’être « un peu trop sucré». Très bon en bouche, le Nutella recale à l’examen de Yuka avec une note de 30 sur 100. Pas d’additifs à éviter, mais trop gras, trop sucré et trop calorique. Bonjour l’obésité. Enfin, un bon produit bien de chez nous qui trouve grâce aux yeux de Yuka, le thon Tam qui obtient une note de 84 sur 100 ans. L’huile d’Olive Al Hurra est jugée bonne par Yuka grâce notamment à son « excellente qualité » et à son « bon équilibre des graisses ». Côté boissons à éviter comme la peste : Coca-cola est placé tout en haut du podium : 0 sur 100 (soit la même note glorieuse décernée au Sirop sport menthe).
Jugé trop calorique et trop sucré, le soda le plus consommé au monde contient en plus deux additifs à éviter, Coca Cola se noie dans le déshonneur face à l’eau minérale Sidi Ali jugée par Yuka première de la classe dans sa catégorie. Elle se voit décerner une note de 100 sur 100. Brillantissime ! Que des qualités nutritionnelles : 0 calories, 0 graisses saturées et 0 sucre. Le cocktail tropical jus Marrakech a besoin, quant à lui, de 20 bons points pour atteindre la moyenne : 30 sur 100. En cause, l’excès en calories, et sucre. La Piña Colada de la marque Valencia n’est pas moins recommandée puisqu’elle décroche la pastille rouge. Mauvais pour la santé en raison de quelques additifs à éviter et sa teneur excessive en sucre et en calories. Rayon biscuiterie, les notes ne sont pas fameuses. Le Kinder Délice dont raffolent les enfants est catalogué mauvais chez Yuka qui lui attribue une note catastrophique de 3 sur 100. Les mauvaises notes pleuvent dru : 29 sur 100 pour le produit Prince Tout Choco de Lu, 31 sur 100 décerné à Lulu La Barquette et 0 sur 100 pour notre produit national Merendina en qui en plus d’être excessivement sucré a le défaut d’être bourré de graisses saturées, de la présence d’additifs à éviter. Par contre, le Henry’s fait mieux et décroche un 42 sur 100 contre 28 pour Oréo et 30 pour les Biscoff Lotus. Les produits qui encombrent les rayons des supermarchés ne sont pas tous très super. Bien au contraire. Faire ses courses en connaissance de cause est possible. Il suffit juste de le vouloir. Sans prise de conscience alimentaire, l’addiction, côté santé, risque d’être salée.
Yuka peut mieux faire…
L’application Yuka, appréciée pour son indépendance par rapport au puissant lobby de l’agro-industrie grâce à un « financement sain », ne fait pas pourtant l’unanimité dans les milieux scientifiques. Certains diététiciens reprochent à l’appli son caractère un peu simplificateur; en ce sens qu’elle réduit la qualité des produits alimentaires (protéines, graisses, calories…) à des chiffres sans trop se soucier de la qualité des nutriments ou encore de leur niveau de transformation. Il est en effet choquant de constater par exemple que Yuka décerne une bonne note en termes de protéine à une pizza congelée alors que celle-ci n’est pas réputée être une source de ces macromolécules essentiels l’organisme. On cherche plutôt les protéines dans des aliments comme la viande, les œufs ou le poisson… Il est certain que Yuka est perfectible et son intérêt premier réside surtout dans la contribution à l’éveil du consommateur qui a ainsi, smartphone à la main, la possibilité d’éviter de ramener à la maison des produits alimentaires nocifs pour sa santé et celle de ses enfants.