Mohammed VI: Le Roi entreprenant 

II y a 25 ans, le 30 juillet 1999, le Roi Mohammed VI prenait les rênes du pouvoir. Les images de cette séquence d’intronisation plongent le peuple marocain dans une vive émotion. Le prince héritier était appelé à succéder à son père feu Hassan II qui a passé 38 ans au pouvoir à diriger un Royaume confronté à de multiples défis dans tous les domaines. Difficile a priori de succéder à un monarque, redouté et redoutable, de la stature de Hassan II. Mais Mohammed VI dément tous les préjugés. Il prend vite ses marques et imprime son propre style à la royauté. Un style original qui plait, mélange de décontraction et de proximité, de modernité et de tradition, qui lui permet de régner par l’amour, à rebrousse-poil de ces chefs d’État qui s’imposent par la tyrannie ou la peur. 

En 25 ans de règne, le bilan est globalement positif. Le niveau de vie des Marocains a globalement augmenté, résultat d’un certain dynamisme de l’économie marocaine, de sa diversification et de la mondialisation des échanges. Ce qui a permis de créer des opportunités dans de nombreux secteurs saisis par ceux qui disposent d’un savoir-faire ou ont su s’adapter.

Mais cette croissance, comme partout ailleurs, n’a pas profité à tout le monde. Conscient de cette réalité, le jeune souverain s’est attelé dès son accession au trône, via divers programmes sociaux, à résorber les inégalités sociales venues aggraver certaines insuffisances notamment en matière socio-éducatif héritées du Maroc ancien. Par son courage réformateur et la force de sa fibre sociale, le jeune roi réussit, par touches successives, à changer le visage du pays dans une démarche de rupture tournée essentiellement vers le développement économique et le progrès social qui s’accommodait mal des réflexes de la politique politicienne. Premier acte royal fort, la réconciliation du peuple marocain avec son passé à travers la mise en place en 2004  de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) qui a ouvert les dossiers douloureux des disparitions et autres détentions arbitraires durant les  années de plomb (1956-1999). Sous Mohammed VI le réconciliateur émerge un roi solidaire et bâtisseur. Sur le front social, la Fondation Mohammed V, créée en 1998, soit une année avant  son intronisation, joue le rôle fer de lance d’une dynamique  sociale multiforme. De la solidarité avec les démunis, victimes d’un accès inégalitaire aux facteurs de réussite, le souverain, surnommé  le « Roi des pauvres », fera le marqueur  de son règne.  Ce qui a permis à tout un pays de renouer à grande échelle avec les valeurs de l’entraide, ancrées dans la culture nationale dont les Marocains ont fait admirablement  preuve lors du séisme d’Al Haouz.

Fondée sur la mise en synergie des actions et programmes de l’État, des collectivités locales et des associations, l’Initiative nationale de développement humain (INDH), annoncée par le souverain le 18 mai 2005, viendra compléter ce dispositif de solidarité.  L’INDH est  orientée   vers la réduction du taux de pauvreté et l’amélioration de l’IDH,  par le soutien financier à des activités génératrices  de revenus aussi bien en milieu urbain que dans le monde rural.

Cette révolution sociale et sociétale, volontariste par son caractère et sa philosophie, est allée chez le Roi Mohammed VI de pair avec le souci du développement économique du pays et de sa modernisation.

En matière  de lutte contre la pauvreté,  les résultats étaient au rendez-vous, les  différents programmes mis en œuvre ayant  permis de la faire reculer dans le pays, avant que la pandémie du Covid-19 ne vienne provoquer  une urgence sociale sans précédent en creusant un peu plus les inégalités sociales. Agir par une mobilisation transversale là où il y a un besoin  à satisfaire, un équipement vital à créer, un projet à promouvoir, une communauté à aider et une situation d’urgence comme le froid  à affronter… Les attentes sont tellement importantes que la Fondation est devenue une machine qui fonctionne à plein temps, redoublant d’efforts pour tirer ce Maroc marginalisé vers le haut.

Le souverain aurait pu donner une autre connotation à son règne mais en monarque humain et sensible qu’il est, il a choisi de mettre le curseur sur le mal profond qui ronge la société, regarder les yeux dans les yeux le Maroc d’en bas et attaquer de front les déséquilibres qui plombent son développement. Alphabétisation, prise en charge des handicapés et des personnes âgés, enfance abandonnée, jeunesse en mal de qualification, hôpitaux, microcrédit, activités génératrices de revenus, habitat social… Autant de programmes initiés par la Fondation Mohammed V en collaboration avec des partenaires publics et privés mais aussi la société civile dans toute sa diversité. La mobilisation en faveur des plus fragiles ne s’est point arrêtée. Elle continue, au-delà du changement des majorités,  pour venir en aide aux catégories les plus vulnérables, via  l’octroi d’une aide directe de 500 DH par mois minimum au profit des familles-cible recensées dans le cadre du Registre social unifié (RSU). Ce soutien aux familles  défavorisées constitue avec la généralisation de la protection sociale à l’ensemble de la population la pierre angulaire de « l’Etat social » voulu par le souverain.

Cette révolution sociale et sociétale, volontariste par son caractère et sa philosophie,  est allée chez le Roi Mohammed VI de pair avec le souci du développement économique du pays et de sa modernisation. Un développement, à marche forcée, qui a permis le lancement tous azimuts de nombreux chantiers  structurants où le pays cumulait un retard considérable. Routes, autoroutes, ports ( Tanger Med, Nador, Dakhla, Kénitra ), ponts,  stades, équipements  de santé, mise à niveau des villes et réhabilitation des médinas… Le domaine stratégique des infrastructures c’est aussi le talon d’Achille du pays dont a hérité le Roi Mohammed VI. Un pays qui sitôt l’indépendance acquise a été détourné de la politique des grands travaux qui devrait être menée par feu Hassan II pour mettre le pays sur les rails  du développement par des luttes politiques stériles et contre productives qui ont enfanté «Les années de plomb» et retardé sa marche vers le progrès.

En un quart de siècle de gouvernance royale, le Maroc nouveau n’a pas été un long fleuve tranquille, il a vu sa stabilité mise à rude épreuve par une série d’événements fâcheux : attaques terroristes, Printemps arabe et Jacquerie du Rif. Mais le Royaume est parvenu à chaque fois à tirer son épingle du jeu, continuant à démentir tous les scénarios apocalyptiques que lui prédisaient ses meilleurs ennemis. Le secret ? La capacité  d’adaptation de la monarchie qui a su faire face aux  bouleversements régionaux et neutraliser la contestation en interne par une réforme constitutionnelle ambitieuse. Au plus fort du mouvement du 20 février qui a  stigmatisé plusieurs symboles du système, personne n’a appelé à la chute du régime comme ce fut le cas dans plusieurs pays arabes comme l’Égypte, la Tunisie, la Syrie et l’Algérie voisine. Preuve que la légitimité politique du chef de l’Etat n’est pas mise en équation et que les Marocains sont attachés viscéralement à la monarchie et restent unis dans l’amour de leur roi, symbole de la cohésion du  pays et garant de sa stabilité.

Dans le domaine diplomatique,  la transformation a été particulièrement remarquable au cours des dernières années. A une diplomatie classique de représentation et de salamalecs s’est substituée une action diplomatique dynamique et proactive qui ne craint pas de se fâcher y compris avec les pays réputés amis ou alliés, pas francs du collier sur le dossier du Sahara marocain. Le Maroc de Mohammed VI veut du partenariat Win Win mais à condition qu’il soit équilibré et empreint de respect, de sincérité et de considération. Tel est le nouveau paradigme de la diplomatie royale, qui  épouse  dans son approche les contours des nouvelles mutations géopolitiques et géoéconomiques, avec leurs crises et  défis. Cette évolution pour le moins inattendue, qui s’est traduite par des des crises diplomatiques  longues et spectaculaires avec la France notamment, a surpris dans bien des chancelleries qui ont dû mettre à jour  leur  logiciel « relation avec le Royaume du Maroc.» Dans un monde arabe en proie au doute et au désarroi, le Maroc offre un visage différent. Serein et qui rassure tout en confirmant les convictions démocratiques de son souverain. L’avènement de S.M le Roi Mohammed VI en 1999 marque en effet une rupture nette avec les pratiques électorales frauduleuses du passé et place le respect absolu de la normalité démocratique au-dessus de toute autre considération. Les forces politiques en présence ne doivent plus compter sur le soutien de l’administration pour arriver au pouvoir. Seule fonctionne la légitimité des urnes  sur laquelle le chef de l’État est intransigeant. La même volonté populaire  qui a permis aux islamistes du PJD de conduire les affaires du pays pendant une décennie, en cohabitant avec la monarchie,  dans l’ordre et sans heurt, les a chassés du pouvoir à l’issue du triple scrutin du 8 septembre 2021.

Sous le règne de Mohammed VI,  le sentiment d’impunité n’est plus aussi fort que par le passé. Dans le Maroc nouveau, personne,  ni dans la classe politique ni dans la haute administration, n’est à l’abri de la reddition des comptes. Les  responsables reconnus coupables d’abus sont traduits devant la justice. La fin d’une époque !

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