Ouezzane : Un peu de Toscane et beaucoup de Priego de Cordoba

Des attraits à valoriser...

Oubliez le stress des villes polluées et les moyens de transport et partez à pied pour découvrir les mille et une facettes d’une petite cité au charme indéniable, généreuse et accessible ?

Samir Berhil

Que vous venez de Rabat, Fès, Meknès ou Tanger, forcément, vous quitterez les autoroutes pour traverser les champs du Gharb ( greniers du royaume entre autres ) et arriver à Ouazzane : la ville verte et blanche : Bienvenue en Toscane andalouse du Maroc : Ouezzane. L’odeur de l’huile d’olive chatouillera les narines dès votre arrivée, surtout par la route d’ Arbaoua.

Après votre « voyage pèlerinage  » depuis Tanger, Casablanca ou de la plaine du Saïss, un bon thé à la menthe Ouazzani vous fera beaucoup de bien. Ici, le goût du breuvage national est unique en raison de la qualité des sources d’eau de Ouazzane. Longtemps, considérée comme une position stratégique sur la route roumaine sur l’axe Fès – Sebta, avec à l’époque une porte qui s’appelait « Bab Fès «, Ouazzane gagne à être connue au même titre que sa sœur jumelle avoisinante « Chefchaouen », la cité bleue. Nous vous expliquons le pourquoi.

Salim Kaidi, un « Ouazzani » pur jus de 35 ans, président de l’association la perle verte de Ouazzane, docteur en économie, gestion et développement durable, ancien lauréat de l’institut supérieur international de tourisme de Tanger (ISITT) et fondateur d’un cabinet conseil et formation professionnelle dans le secteur touristique à Rabat, nous accompagne dans notre « visite panoramique « de la ville de Ouazzane.

Dans cette immersion, M. lhoucine, propriétaire d’un petit café sur la place « Rouida » de la médina de la ville, nous sert de « boussole populaire » pour parler de la vie à l’intérieur de l’ancien quartier mérinide. Enfin, on l’appellera Driss, un agent d’autorité qui souhaite garder l’anonymat nous donne également sa propre vision des projets de la ville.  L’association fondée par Salim Kaidi affiche un bilan honorable pour sa ville de cœur : à fin mai 2021, elle crée le concept « Love Ouazzane » inspiré du modèle d’Amsterdam. Les couleurs choisies sont le blanc « comme l’âme de la population de Ouazzane » et le vert couleur de la verdure où baigne la ville (couleur aussi de son équipe favorite : Le Raja de Casablanca, qui le soutient symboliquement dans ses projets).

Un vaste programme post crise COVID-19 sera lancé dans le cadre du chantier « Awrach «, pour l’unification de la couleur de la ville, avec à la clé la création de 120 emplois (120 familles de Ouazzane) et des CDD de 4 mois renouvelé deux fois pour un budget d’environ 10 millions de DH pour la mise à niveau de 8000 maisons recensées dans l’ancienne médina. Malheureusement, selon notre interlocuteur, l’agent d’autorité Driss, l’ancien quartier en face de « Dar3aouiyine » a été exclu de ce programme de réhabilitation pour des raisons de rivalités politiques locales plus ou moins déclarées. Les prix de l’immobilier dans la médina sont alléchants. Moins de 1000 DH de loyer pour une maisonnette de 85 mètres carrés. Ici, la vie n’est pas chère non plus. 5 DH pour un verre de thé ou un café aromatisé. 

Potentiel

« Même si Ouezzane n’a jamais vraiment bénéficié d’un budget conséquent l pour la promotion de la destination, nous sommes en train de mettre en place une vraie politique promotionnelle et inclusive pour développer aussi bien le tourisme national qu’international, notamment via la création de circuits thématiques», indique Salim Kaidi qui cite le tourisme vert et écologique autour de la variété d’olives et de figues, le tourisme religieux autour des zaouias et saint de la ville : Moulay Abdellah Cherif et Dar Dmana pour les gens en quête de bénédictions, sans oublier la promotion de l’artisanat local dont l’article-phare est la jellaba ouazzania. Dans le me religieux, Kaidi veut capitaliser sur les festivités de la hiloula de la communauté juive marocaine (environ 7000 à 8000 pèlerins qui se recueillent chaque année sur la tombe de leur saint Rabbi Amrane ben Diwane ). Se déroulant en vase clos, les retombées de ces évènements ponctuels sont très limitées, la population locale n’en profitant qu’ à une très petite échelle. Mais le potentiel touristique est très prometteur. D’où le lancement d’un programme de formation du nom de Tamuri, financé par l’Union européenne, au profit de 40 jeunes aux métiers de l’accueil et de l’hospitalité. Il y a de l’enthousiasme dans l’air, Kaidi et ses amis sont confiants dans l’avenir touristique de leur ville même si certains pointent l’absence d’une véritable politique inclusive en direction de la jeunesse qui, il est vrai, languit dans le chômage et s’abandonne à la consommation du cannabis.

Le tourisme offre la principale, sinon, la seule alternative pour lutter contre la précarité sociale et offrir un horizon aux sans emplois. Vaste programme qui nécessite une vision cohérente et des actions bien coordonnées pour placer Ouezzane sur la carte des destinations fréquentées. Ceci passe d’abord par un travail sur l’identité de la ville, ce qui implique un certain nombre de questions : Quels atouts valoriser pour quelle offre et quel public? Comment impliquer la population locale pour obtenir son adhésion et faire en sorte que l’activité touristique profite à tous? 

Transformer certaines demeures en maison d’hôtes avec Rooftop pour profiter des levers et couchers de soleil apaisants et ouvrir trois ou quatre restaurants marocains avec des produits du terroir ouazzani pourrait servir de point de départ pour une expérience unique. Histoire de donner aux visiteurs potentiels un avant-goût de découverte. Le touriste international peut être touché (surtout la clientèle de la Méditerranée) en sensibilisant les associations d’Espagne, Italie, suisse, France ou Portugal, où existe une forte population sensible au tourisme vert, culturel et spirituel. Oubliez le stress des villes polluées et les moyens de transport et partez à pied pour découvrir les mille et une facettes d’une petite cité au charme indéniable, généreuse et accessible? Pourquoi traverser la Méditerranée pour visiter Priego de Córdoba et pousser jusqu’en Toscane italienne, alors que vous êtes à moins de deux à trois heures en voiture pour une plongée reposante dans une ville authentique et hospitalière.

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