Quand le coronavirus nous mène en bateau…

Est-ce finalement une bonne idée d’avoir retenu les ferries comme  moyen de transport pour le rapatriement des Marocains résidents ou bloqués à l’étranger ? Ne fallait-il pas  que l’opération du retour soit exclusivement organisée par voie aérienne ?

Ces questions se posent d’elles-mêmes dans quand on sait que des cas de Covid-19 ont été détectés samedi 18 juillet dans un navire de la compagnie maritime italienne GNV assurant la liaison Gênes-Tanger Med. A bord, quelque 559 passagers MRE pour leur majorité.  L’alerte a été immédiatement donnée et le ferry a dû s’immobiliser au large de Malaga (en Espagne) pour faire tester de nouveau l’ensemble des voyageurs.

Avant que le ferry ne reprenne sa route en direction de la ville du détroit où la situation épidémiologique prête à l’inquiétude. Cet accident n’augure rien de bon pour la suite des opérations de rapatriement ou de retour qui n’en sont qu’à leurs débuts.  Lors d’une conférence de presse, organisée conjointement dimanche 19 juillet avec le ministre de la Santé, le chef du gouvernement Saadeddine El Othmani a minimisé cette affaire qu’il a mise sur le compte d’une confusion linguistique ; les autorités italiennes ayant pris, semble-il, le test PCR Covid-19 pour un autre test PCR  (Proteina C-reattiva, Protéine C réactive), une protéine qu’on dose pour rechercher une inflammation ou une infection dans l’organisme.

Les autorités marocaines étaient supposées savoir que les bateaux en général se sont avérés vulnérables au coronavirus. Premier à être infecté dès janvier 2020, le navire de croisière, le Diamond Princess, dont les passagers ont été confinés dans leurs cabines pendant plusieurs semaines au large du Japon. Pas moins de 700 personnes ont été contaminées et 13 décédées, sur les 3 700 touristes que transportait le navire. Les mêmes séquences se sont reproduites sur d’autres bateaux au cours des mois suivants. Pas moins 2 789 cas de la Covid-19 ne seront déclarés parmi les passagers et les équipages de 33 navires affiliés à la principale fédération mondiale du secteur, la Clia (Cruise Lines International Association). Et ce n’est pas fini. Le virus, connu pour surgir aussi mystérieusement qu’il se propage à grande vitesse, débarque également avec fracas  dans des navires de guerre. Deux porte-avions de la marine américaine, l’USS Theodore Roosevelt  et l’USS Ronald Reagan, qui croisaient dans le Pacifique, seront touchés au cours de mars dernier après l’enregistrement de cas de contaminations parmi les équipages. L’armée française ne sera pas non plus épargnée. Le 7 avril dernier, la mission Foch du groupe aéronaval, composée du porte-avions Charles de Gaulle mais aussi de plusieurs autres navires, est brutalement  interrompue en plein océan : 85 militaires ont été contrôlés positifs au Covid-19 et placés en quarantaine dans un local improvisé sous la piste d’appontage à l’avant du navire.

Au final, 1 064 marins seront contaminés. Contrairement aux avions qui sont  généralement équipés de systèmes de ventilation qui assure une grande pureté de l’air l’intérieur des cabines, les bâtiments des mers, qu’ils soient civils ou militaires, possèdent des systèmes de filtration de l’air problématiques. Ce qui en fait des lieux confinés  où, la promiscuité qui favorise les contacts rapprochés  aidant, le virus se propage facilement parmi les passagers. Cette situation va certainement obliger les armateurs et les constructeurs de bateaux à revoir les conditions de voyage à bord.

En attendant, le problème reste posé pour les navires transportant les Marocains de l’étranger. Le fait que des cas de contamination soient déclarés dans un bateau GNV montre que les tests PCR et sérologique ne sont pas fiables à 100%. Est-ce pour  cette  raison que les autorités  marocaines se sont avisées  de faire embarquer des laboratoires  d’analyse mobiles à bord des navires transportant les passagers marocains vers  le port de Tanger-Med ? Une chose est sûre : Le coronavirus, loin d’être derrière nous, n’a pas fini de nous mener en bateau…

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