Silence, on détourne !

Abdelmadjid Tebboune.

Les dirigeants algériens multiplient les actes de piratage des symboles du patrimoine culturel du Maroc qu’ils vouent pourtant aux gémonies en l’accusant de tous les maux. Vous avez dit schizophrénie ?

Le pouvoir algérien est tellement complexé par le Maroc qu’il cherche toujours à l’affaiblir par tous les moyens, voire à le supprimer de la carte. C’est cette haine aveugle qui a accouché de la plus grande escroquerie politico-diplomatique de l’histoire contemporaine, le Polisario et sa fantomatique république hébergée dans les camps algériens de la honte à Tindouf, où sont séquestrés des centaines de sahraouis au nom d’une illusion emportée depuis longtemps par les vents de la vérité. Les auteurs de cette forfaiture, Abdelaziz Bouteflika du temps où il était ministre des Affaires étrangères, le savent parfaitement : Couper le Maroc de son Sahara revient à le déstabiliser et provoquer sa disparition. Mais quels sont les ressorts de cette haine viscérale envers un royaume séculaire ? La réponse est dans l’adjectif. Avec sa richesse historique et culturelle connue et reconnue, le Maroc renvoie aux pontes du FLN, qui sont à l’origine de cette entreprise de sape anti-marocaine, le reflet d’une Algérie indigente au point de vue identité et patrimoine, dont les seules traces indélébiles dans l’histoire sont celles d’une terre colonisée par différentes puissances. En effet, au fil du temps, l’Algérie a été tour à tour, comme l’avait si bien exprimé, le général de Gaulle dans un enregistrement qui circule à grande échelle sur les réseaux sociaux, carthaginoise, romaine, vandale, byzantine avant d’être occupée par les Arabes de Syrie et de Cordoue suivis des Ottomans et en dernier ressort par la France. Autrement dit, une nation algérienne, indépendante et souveraine, n’a jamais existé avant 1962, date de la fin de « l’Algérie française », au terme d’une occupation record de 132 années et l’avènement au pouvoir de la bande du FLN.

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Mbarka, la tisserande de Taznakht dans la régionde Ouarzazate.

Avec le recul, certains observateurs se posent certaines questions de bon sens : Était-ce une bonne chose que l’Algérie soit sortie du giron français ? Ne fallait-il pas que le pays des Aurès reste ad vitam æternam un département français au même titre que les DOM-TOM ? Au vu de la tournure prise par les événements après le départ des Français, force est de constater que la libération n’a pas vraiment tourné à l’avantage de la population pour laquelle elle n’aura pas  été cette promesse de prospérité et de développement auxquels aspirent tous les peuples de la planète. Faut-il en déduire que l’Algérie ne pouvait avoir de tenue politique et diplomatique, agir en État normalement constitué qui sert les intérêts bien compris de son peuple, que sous la tutelle d’une puissance extérieure? Une chose est sûre : Un État responsable, doté d’un minimum d’intelligence géostratégique, ne refuse pas la main tendue de son voisin plusieurs fois renouvelée, rompt encore moins ses relations diplomatiques pour des motifs imaginaires en préférant l’entretien de la tension permanente dans la région à l’idéal de la construction d’un Maghreb des peuples, uni, prospère et solidaire…

Impéritie multiforme

La France a-t-elle vraiment rendu service au peuple algérien au vu de sa situation actuelle socialement désastreuse alors que le pays est très riche en hydrocarbures? En cause, une gouvernance chaotique,  dopée par le détournement par la junte militaire, aux manettes, de la rente pétrolière et gazière dont une partie est engloutie par des entreprises au détriment  des intérêts de la population : Une course à l’armement démesurée dans le cadre de sa rivalité maladive avec le Maroc et le sponsoring du Polisario pour affaiblir un voisin dont les réussites renvoient aux pontes du complexe militaro-industriel le reflet de ce qu’ils ne sont pas, ce qu’ils auraient voulu tellement être et ce qu’ils ne seront probablement jamais : Une nation digne de ce nom, forte d’une identité plurielle, «un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe», selon la très jolie métaphore de feu Hassan II. Et puis, ce voisin qui s’en sort pas mal, à qui tout réussit, nonobstant la modestie de ses moyens (il n’a ni gaz ni pétrole mais dont les dirigeants possèdent assurément de la perspicacité et de l’expertise) fait surgir en creux l’étendue de leur impéritie multiforme dont le symbole caricatural est la pénurie de l’huile de table dans les commerces pays. C’est dans ce contexte où se télescopent les fantasmes et les frustrations que l’Algérie du FLN se rend régulièrement coupable d’usurpation de patrimoine en piochant dans le creuset culturel marocain pour se servir.

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L’Algérie faisant sa promotion aux EAU avec l’image de la Koutoubia marocaine.

Dernier acte de piratage en date, l’illustration de l’affiche du salon de l’artisanat  que Tlemcen- la ville la plus marocaine d’Algérie- accueilli du 15 au 18 mai  par une image d’une femme berbère marocaine de la région de Tazenakht, mondialement réputée pour la qualité de ses tapis, filant de la laine à l’aide d’une quenouille. Silence, on détourne ! En vérité, ce n’est pas la première fois que les responsables algériens sont pris la main dans le sac…Les promoteurs de la Semaine du patrimoine algérien, organisée en janvier 2019, dans la ville de Sharjah aux Émirats Arabe Unis n’ont-ils pas poussé la malhonnêteté jusqu’à mettre la photo de la mosquée Koutoubia dans leur pavillon comme s’il s’agissait d’un monument algérien ? Sur les réseaux sociaux, les internautes marocains réagissent à chaque vol flagrant du patrimoine national par  en fustigeant ces détournements à répétition qui mettent en lumière la schizophrénie des dirigeants algériens tout en faisant un merveilleux pied de nez à l’orgueil algérien résumé par le fameux Nif (nez).

D’un côté, ces derniers vouent aux gémonies le Royaume, ses symboles et ses institutions en faisant de lui le bouc émissaire de toutes leurs turpitudes et ratages, et de l’autre ils n’hésitent pas à jouer les kleptomanes en se réappropriant sans vergogne l’héritage culturel marocain. Au-delà du vide culturel abyssal qu’elle traduit pour la partie algérienne, cette kleptomanie est plus largement l’expression d’une usurpation d’identité que l’Algérie des généraux séniles n’a pas et n’aura jamais et que toute la rente pétrolière du monde ne saurait hélas acheter. Pour comprendre le jeu très ambivalent de l’Algérie envers son voisin, c’est la psychologie et non la politique qu’il convient sans doute de mobiliser. La politique ayant tourné à l’art de l’impossible avec ce pays qui en s’armant plus que de raison aussi bien de matériel de guerre que de mauvaise foi ne réussit qu’à se tirer des balles dans le pied.

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