Un 1er mai et des mais…

Les syndicats doivent une fière chandelle à l’inflation qui a mis à mal le pouvoir d’achat de la population dans des proportions inquiétantes. Ce phénomène leur a permis, à quelques jours du 1er mai et de ses défilés monotones, qui feront certainement le plein, de sortir de l’oubli et de se rappeler au bon souvenir des manifestants qu’ils ont même fait marcher dans un certain nombre de villes, au grand dam du gouvernement accusé de ne pas faire grand-chose ou rien du tout pour rendre moins difficile le quotidien des couches défavorisées qui déjà en temps normal pèse des tonnes. Si la consommation des ménages a globalement faibli à cause de la vie chère, elle a fortifié quelque peu l’opposition qui a commencé à donner de la voix alors qu’elle était jusque-là parfaitement inaudible. En un mot, la surenchère politicienne a repris ses droits dans un contexte très complexe où ceux qui ruent dans les brancards   ont le beau rôle. Exercice facile lorsque l’on ne se coltine pas les mille et une contraintes de l’exercice du pouvoir.

Manque de pot pour l’exécutif, cette maudite inflation n’a pas seulement mis le feu au panier de la ménagère, elle a aussi consumé les acquis (le relèvement entre autres mesures  du salaire minimum dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services de 10% sur deux ans)  de l’accord  historique signé dans le cadre du dialogue social le 30 avril de l’année dernière. Soit  dès la première année de l’entrée en fonction du gouvernement   Akhannouch formé le 7 octobre 2021. Cet exploit politique intervenu  dans un contexte difficile marqué par l’érosion du pouvoir d’achat du grand nombre en raison des effets de la crise sanitaire souligne la fibre sociale de ce cabinet  dont les chocs extérieurs ont bouleversé toutes les prévisions…

La guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022 commençait déjà à produire ses effets néfastes et anxiogènes  qui s’aggravent à mesure que le conflit s’enlise. Du coup,  on est passé de l’état  d’urgence sanitaire à l’urgence sociale.

Manque de pot pour l’exécutif, cette maudite inflation n’a pas seulement mis le feu au panier de la ménagère,elle a aussi consumé les acquis de l’accord social de l’année dernière.

L’accord social de l’année dernière   était  de nature à préserver la paix sociale, indispensable à la stabilité politique du pays, de prévenir des litiges sociaux potentiels et de désamorcer la colère populaire qui commençait déjà  à gronder. Las !  Face au retournement de conjoncture provoqué par la folie poutinienne, les acquis s’envolent comme un essaim de pigeons apeurés, ce qui a compliqué  naturellement la tâche de l’équipe au pouvoir dont la mission a désormais  un côté mythe de Sisyphe. Quand bien même elles sont importantes,  les mesures prises pour préserver le pouvoir d’achat (subvention des transporteurs et hausse du budget de la compensation…) deviennent insignifiantes  à cause de la gravité  de la situation induite par cette hausse générale des prix.

Dans ce maelström inflationniste sans précédent, les chantiers colossaux  lancés  par le gouvernement, à l’image de Forsa et Awrach pour promouvoir l’emploi et l’entreprenariat des jeunes sont passés  à la trappe, tout comme la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble de la population. Finalement, ce n’est jamais assez pour satisfaire toutes les revendications. Sauf à disposer d’une baguette magique pour résorber le malaise social dans toute sa complexité, résultante, il faut le rappeler, d’un cumul de nombreuses années.

Entre l’enclume des revendications sociales et le marteau des contraintes budgétaires, le gouvernement dépourvu de marge de manœuvre se retrouve entraîné sur les sentiers de l’impopularité. Haro sur Akhannouch et son équipe qui ont péché certainement par déficit de communication pour expliquer ce qui est possible de faire ou de ne faire tout en occupant le terrain.

Ceux qui leur font aujourd’hui des procès en incompétence ou en inaction, souvent par mauvaise foi, ont le beau rôle, se comportant comme s’il suffisait d’appuyer sur un bouton pour faire disparaître l’inflation qui fait bien plus de ravages sous des cieux d’habitude plus cléments. La tâche est plus complexe qu’un certaine bienpensance politico-médiatique veut le faire croire, quitte  à jeter le bébé avec l’eau du bain. Un dicton bien de chez nous dit que celui qui prétend que Laassida (velouté de semoule) est froide qu’il plonge sa main dedans.

Le plus grand regret réside peut-être  dans le retard considérable  accusé par le Registre social unifié (RSU). Ce dispositif de ciblage des ménages éligibles aux programmes d’appui social aurait dû être prêt depuis longtemps. Il aurait servi dans la conjoncture difficile actuelle à atténuer les effets de cette inflation, insupportable, au moins sur les couches les plus vulnérables.

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