Le président américain a accepté de suspendre pendant 30 jours son projet d’instauration des droits de douane de 25% sur les produits mexicains et canadiens. Voici pourquoi.
Jamil Manar
La planète business a vacillé sur ses bases, l’espace d’un week end, après l’annonce samedi 1er février par Donald de l’instauration de superdroits de douane ciblant trois pays dont les voisins des Etats-Unis que sont le Canada et le Mexique. Puis vient le volte-face lundi 3 février de Trump qui suspend pour un mois février son projet d’imposition de taxation après un accord de dernière minute trouvé avec les dirigeants des deux puissances… L’expert de « l’art de la négociation », comme il l’a lui-même théorisé dans un livre, s’est-il dégonflé suite à la riposte canadienne et mexicaine d’instaurer le principe de réciprocité ?
Ce revirement est présenté par Donald Trump comme une victoire personnelle, qui pourrait à vrai dire le faire passer pour un « tigre de papier » ou une baudruche. En fait, c’est une incroyable balle dans le pied de l’économie américaine que le président Trump a tiré avec sa volonté de « supertaxer » les produits mexicains et canadiens exportés vers le marché américain. Ce projet suicidaire se traduirait, selon des spécialistes, par un point de moins pour le PIB US et une inflation qui partirait à la hausse. La raison qui a visiblement échappé au milliardaire impulsif ? l’imbrication des chaînes de production des États-Unis avec ses deux voisins liés par un accord de libre-échange. Trump ne pouvait pas taxer impunément le Canada et le Mexique, sans que cela se retourne contre l’économie de son propre pays qu’il est censé rendre encore plus forte dans le droit fil de son fameux slogan de campagne : Make America Great Again !
Le coup de théâtre trumpien est intervenu lundi, lorsque la présidente mexicaine et le Premier ministre canadien démissionnaire ont chacun annoncé des mesures en échange de la suspension des droits de douane annoncés quelques jours plus tôt. Ces mesures portent sur des contrôles renforcés en matière de trafic de drogue et de flux migratoires aux frontières – les deux domaines dans lesquels Donald Trump voulait pousser ses voisins à agir.
Le Mexique s’est engagé à envoyer 10 000 soldats supplémentaires dont le déploiement à sa frontière a commencé dès ce mardi. Le Canada, lui, a promis de nommer un « Tsar responsable de la question du fentanyl » (un opioïde meurtrier), d’inscrire les cartels mexicains sur sa liste des organisations terroristes et de lancer une force d’intervention conjointe avec les États-Unis contre le crime organisé.
En s’en prenant à ses voisins, Le président Trump voudrait mettre fin à « la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl ». En outre, selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière. «Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux États-Unis », avait expliqué la Maison Blanche sur son compte X, ajoutant, sans aucune preuve, que les cartels avaient « fait alliance avec le gouvernement mexicain » et que « la production de fentanyl » gagnait du terrain au Canada.